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A propos d’un livre de Bruno Gaccio et Dieudonné : « Peut-on tout dire ?  »
dimanche 1er août 2010
Après nous avoir raconté ses mésavÂenÂtures pour trouÂver une perÂsonÂnaÂlité connue qui accepte d’accoÂler son nom à celui de Dieudonné – l’ami de Jean-Marie Le Pen, du curé intégrÂiste et antiséÂmite Laguérie [1], du natioÂnaÂliste fasÂciÂsant Alain Soral, du raciste Semi Keba, et des « révisiÂonnÂistes  » (traÂduire : négatiÂonnÂistes) Serge Thion et Robert Faurisson –, l’éditeur Robert Ménard (ex-pape de Reporters sans fronÂtières et désÂormais aniÂmaÂteur d’un talk show sur la chaîne d’infos i télé) nous « offre  » un bien curieux cadeau, au nom de la « liberté d’expresÂsion  » qu’il prétend défÂendre avec le préÂfacier (ex-maoïste) Philippe Gavi : un livre où Dieudonné nous prend pour des imbéÂciles et des ignoÂrants, et où Bruno Gaccio (ex-écrivain des sketchs des « Guignols de l’info  » sur la chaîne Canal Plus, mais aussi de Patrick Timsitt et quelÂques autres comiÂques) ne sait pas dire grand-chose en dehors de répéter (tout comme Ménard) une phrase que Voltaire n’a jamais écrite ni proÂnoncée, même si elle ne trahit pas sa pensée : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me batÂtrai pour que vous puisÂsiez le dire libreÂment.  »
Commençons par Bruno Gaccio : comÂpaÂrant, en bon compÂtaÂble aux idées courÂtes, 400 ans de traite négrière et 3 ans de « Shoah  » (terme signiÂfiant « catasÂtroÂphe  », auquel nous préÂférons celui de « judéoÂcide  »), l’ex-manaÂger des Guignols dévÂoile le peu de consisÂtance de sa réflexion sur des sujets aussi graves que les conséquÂences meurÂtrières de l’esclaÂvage et celles de l’exterÂmiÂnaÂtion des Juifs penÂdant la Seconde Guerre monÂdiale. Il prétend que « la comÂmuÂnauté monÂdiale  » se serait mise « d’accord pour dénÂoncer le racisme d’Hitler  » en seuÂleÂment six ans – rédÂuisant le judéoÂcide, le système totaÂliÂtaire nazi, l’invaÂsion de toute l’Europe et de la Russie par les armées alleÂmanÂdes à un simple proÂblème de mauÂvais senÂtiÂments : « le racisme d’Hitler  ».
Même si l’on réduit, de façon cariÂcaÂtuÂrale, le nazisme au « racisme  » et à la « folie  » d’un seul indiÂvidu (Hitler), et si l’on croit que l’antiséÂmitÂisme serait unaÂniÂmeÂment condamné par la « comÂmuÂnauté monÂdiale  » depuis un demi-siècle, on se demande alors pourÂquoi il existe encore des négatiÂonnÂistes ; pourÂquoi on vanÂdaÂlise de synaÂgoÂgues, agresse des Juifs encore au XXIe siècle en Europe, quand on ne les torÂture pas pour les tuer, comme ce fut le cas d’Ilan Halimi ; on se demande pourÂquoi le préÂsident iraÂnien Ahmadinejad tient régulÂièrement des propos antiséÂmites ; pourÂquoi le « Protocole des Sages de Sion  » est un best-seller dans les pays arabo-musulÂmans ; pourÂquoi l’Eglise cathoÂliÂque a mis 20 siècles pour comÂmenÂcer à admetÂtre ses resÂponÂsaÂbiÂlités dans l’antiÂjuÂdaïsme et donc dans l’antiséÂmitÂisme ; pourÂquoi des milÂlions de bibles cirÂcuÂlent en Amérique latine avec des comÂmenÂtaiÂres hosÂtiÂles au judaïsme et aux juifs ; ou pourÂquoi la classe poliÂtiÂque françÂaise a attendu 1995 (Chirac) et 1997 (Jospin) pour reconnaître la resÂponÂsaÂbiÂlité du régime de Vichy dans l’exterÂmiÂnaÂtion des juifs vivant en France), etc.
Visiblement Gaccio ne connaît rien à l’hisÂtoire de l’antiséÂmitÂisme ni à celle de la traite négrière (dénoncée par Montaigne, Montesquieu et Voltaire, même si aucun d’entre d’eux ne fut un miliÂtant anti-esclaÂvaÂgiste, au sens moderne du terme).
Non seuÂleÂment il comÂpare des phénomènes hisÂtoÂriÂques qui ne sont pas comÂpaÂraÂbles, mais il rejoint la légion des indiÂviÂdus douÂteux qui comÂpaÂrent le sort des Africains emmenés en esclaÂvage et celui des Juifs, en se fonÂdant sur des arguÂments compÂtaÂbles. On peut les résumer ainsi : « Les Européens ont tué 50 milÂlions d’esclaÂves en quatre siècles [chifÂfre faux et de surÂcroît indémÂontÂrable, Y.C.], puis 6 milÂlions de Juifs en 3 ans. Or les livres d’hisÂtoire européens et améÂricains, les médias, les films, les séries télévisées, etc. accorÂdent mille fois plus de place aux 6 milÂlions de vicÂtiÂmes juives qu’aux 50 milÂlions de vicÂtiÂmes afriÂcaiÂnes. Cherchez l’erreur...  »
Et quand je reproÂduis ce « raiÂsonÂneÂment  », je ne me fais l’écho que de la verÂsion la plus modérée de ces comÂpaÂraiÂsons compÂtaÂbles. Celles que l’on trouve sur Internet, ou dans les converÂsaÂtions de bisÂtrot, sont beauÂcoup plus trash. Cela va de « 6 milÂlions, est-on vraiÂment sà »r qu’il y en ait eu autant ? Les hisÂtoÂriens ont-ils corÂrecÂteÂment traÂvaillé sur cette quesÂtion  » verÂsion à laquelle fait hypoÂcriÂteÂment écho Dieudonné (« pourÂquoi ne pas orgaÂniÂser un débat, aussi insouÂteÂnaÂble soit-il, inviÂter les négatiÂonnÂistes sur un plaÂteau pour qu’ils expliÂquent à la face du monde comÂment ils peuÂvent nier un holoÂcauste avéré plutôt que de les criÂmiÂnaÂliÂser ?  ») aux asserÂtions fanÂtaiÂsisÂtes sur les « négriers juifs  » (que menÂtionne Dieudonné sans que son interÂloÂcuÂteur – Ménard ? Gavi ? – lui demande des compÂtes).
Le judéoÂcide nazi est un phénomène hisÂtoÂriÂque spéÂciÂfique, que l’on ne peut comÂpaÂrer mécaÂniqÂuement à l’esclaÂvage et aux traiÂtes négrières (afriÂcaiÂnes, orienÂtaÂles et occiÂdenÂtaÂles) qui ont fait des milÂlions de vicÂtiÂmes, elles aussi, en se fonÂdant sur des données uniÂqueÂment compÂtaÂbles.
De même l’antiséÂmitÂisme (sucÂcesÂsiÂveÂment l’antiÂjuÂdaïsme chrétien, puis l’antiséÂmitÂisme racial et enfin cerÂtaiÂnes formes – pas toutes, heuÂreuÂseÂment – d’« antiÂsioÂnisme  » actuelÂles) est un phénomène parÂtiÂcuÂlier.
Le racisme contre les Africains, les Antillais et les Afro-Américains est un autre fléau de l’humaÂnité que l’on ne peut assiÂmiÂler ni comÂpaÂrer hâtiveÂment au preÂmier, et qui se décÂomÂpose lui-même en pluÂsieurs types de racisme « anti-Noirs  » différents.
L’antiséÂmitÂisme n’est ni moins ni plus condamÂnaÂble que le racisme des Blancs contre les Noirs. Ce sont des phénomènes aux causes différÂentes, à moins de tout ranger dans la même catéÂgorie morale (d’où les expresÂsions idioÂtes comme le « racisme antiÂjeuÂnes  ») ou sous la rubriÂque des « phoÂbies  », terme encore plus vague, d’où ces expresÂsions psyÂchoÂloÂgiÂsanÂtes comme « homoÂphoÂbie  », « islaÂmoÂphoÂbie  », « judéÂopÂhobie  », qui ne devraient pas avoir leur place dans les raiÂsonÂneÂments des hisÂtoÂriens tant elles sont floues.
On doit bien sà »r condamÂner, dénÂoncer, comÂbatÂtre toutes les formes de disÂcriÂmiÂnaÂtions, en expliÂquer les causes, etc. En même temps, rien ne sert de consÂtruire une échÂelle des prioÂrités dans l’indiÂgnaÂtion, la dénÂoncÂiation, ou l’horÂreur.
Si l’on comÂmence à vouÂloir raiÂsonÂner sur ce terÂrain-là , comme le fait Gaccio, on sert la soupe à Dieudonné et ses prétÂendues naïvetés. D’ailleurs Gaccio tient le même lanÂgage que Dieudonné quand il décÂlare : « Je sais bien que, sous la couette de l’antiÂsioÂnisme, dort souÂvent un antiséÂmite. Mais, du coup, on ne peut plus parler de la poliÂtiÂque israéliÂenne dans les terÂriÂtoiÂres occupés, qui est quand même une poliÂtiÂque de réprÂession indiÂgne.  »
Vous avez bien lu, en France, selon Gaccio, « ON NE PEUT PLUS PARLER de la poliÂtiÂque israéliÂenne dans les terÂriÂtoiÂres occupés  » ! De là , à affirÂmer, comme Blanrue que la poliÂtiÂque françÂaise est dictée par les « sioÂnisÂtes  » (traÂduire les juifs), il n’y a qu’un pas, que franÂchisÂsent allégÂrement les Dieudonné, Soral, et autres Faurisson.
Gaccio tient le même lanÂgage que Dieudonné quand il écrit « force est de consÂtaÂter que 800 000 vicÂtiÂmes tuées parce qu’elles apparÂtienÂnent à une ethnie parÂtiÂcuÂlière pèsent moins lourd dans la balance que les 6 milÂlions exterÂminées penÂdant la Seconde Guerre monÂdiale pour les mêmes raiÂsons  ».
Le nazisme et l’antiséÂmitÂisme alleÂmands n’ont rien à voir avec l’idéoÂlogie et les praÂtiÂques des génoÂcidÂaires rwanÂdais, sauf à affirÂmer, comme Pierre Dac, que "Tout est dans tout et récipÂroqÂuement." Ce sont des misÂsionÂnaiÂres belges, surÂtout des Pères blancs, d’oriÂgine flaÂmande, qui théorisèrent la supérÂiorité des Tutsis, considérés comme une arisÂtoÂcraÂtie féoÂdale d’oriÂgine éthÂiopiÂenne ou égyptiÂenne, puis parièrent sur les Hutus pour former une élite poliÂtiÂque à la botte du pouÂvoir coloÂnial, créant ainsi les bases de proÂfonÂdes diviÂsions "ethÂniÂques".
Mais surÂtout, et c’est beauÂcoup plus grave, Gaccio se garde bien d’attaÂquer les gouÂverÂneÂments français, l’armée françÂaise qui ont laissé faire le génoÂcide rwanÂdais. Il préÂfère lâcheÂment en remetÂtre une couche sur l’insÂtruÂmenÂtaÂliÂsaÂtion du judéoÂcide - par qui donc ?
Il a le culot d’écrire, au mépris de la vérité la plus élémÂentÂaire : « Il n’y a pas la même liberté pour parler de la soufÂfrance de la traite négrière et celle de la Shoah.  » Tout comme à propos des « terÂriÂtoiÂres occupés  » par Israë l, Gaccio ne nous donne aucune préÂcision sur ce prétÂendu manque de liberté.
Il préÂfère nous servir une guiÂmauve senÂtiÂmenÂtale inepte : « Or, quelle que soit la cause, soufÂfrir, c’est soufÂfrir.  » On apprécÂiera la proÂfonÂdeur de la pensée gachiesÂque, comÂplétée par cette phrase inouÂbliaÂble, digne d’un sermon de curé : « ils ont soufÂfert et cette soufÂfrance est uniÂverÂselle, elle nous apparÂtient à tous  ». Gaccio devrait posÂtuÂler auprès du pape, pour lui écrire ses disÂcours, il aurait sà »rement du succès.
Et il embraye sur deux perles dieuÂdonÂnesÂques, cette fois : « il y a des racisÂmes plus uniÂverÂsels que d’autres (…) Les Noirs sont inférieurs aux Blancs, on peut les vendre comme des marÂchanÂdiÂses (…) c’est plus grave dans l’expresÂsion du racisme qu’un fou qui clame qu’il va mettre tous les juifs dans un four et qui est contesté au moment où il le dit  ». La science hisÂtoÂriÂque gachiesÂque est stupéfiÂante : ainsi Hitler aurait affirmé publiÂqueÂment qu’il allait gazer tous les Juifs dans des « fours  » et en plus tous ses contemÂpoÂrains le savaient et l’auraient « dénoncé  » à l’époque !
De telles affirÂmaÂtions sont consÂterÂnanÂtes...même venant d’un prétÂendu « autoÂdiÂdacte  » (je connais des dizaiÂnes d’autoÂdiÂdacÂtes qui disent moins de conneÂries !).
Passons mainÂteÂnant aux propos du copain de Le Pen et Thion dans ce livre.
Soyons clairs : il nous semble déguÂeulÂasse que Dieudonné ait été vicÂtime d’agresÂsions phyÂsiÂques à pluÂsieurs repriÂses, ainsi que ses enfants (une fois, mais une fois de trop), sans que cela ait susÂcité une répÂroÂbation généÂrale. Il a donc parÂfaiÂteÂment raison de comÂpaÂrer le vacarme médÂiaÂtique orgaÂnisé autour des mésavÂenÂtures d’Arthur (comiÂque et proÂducÂteur d’émissions de téléÂvision médÂiocres), et le silence qui a entouré les agresÂsions dont il a été vicÂtime.
Allons même plus loin. On peut, comme le font Gaccio et Dieudonné, penser qu’il vauÂdrait mieux que l’expresÂsion du racisme, de l’antiséÂmitÂisme, du négatiÂonnÂisme, soit parÂfaiÂteÂment libre, pour mieux pouÂvoir démÂasquer leurs parÂtiÂsans. Mais une fois que l’on a dit cela, il faut en tirer les conséquÂences, et ne pas rester sur le terÂrain de généÂralités pseudo volÂtaiÂrienÂnes.
Si l’on ne veut plus que l’Etat légifère sur ces quesÂtions, il ne faudra pas non plus s’étonner que ceux qui se senÂtent à juste titre insultés par des propos racisÂtes ou antiséÂmites pasÂsent à l’action eux-mêmes, si l’Etat adopte une attiÂtude neutre face à l’expresÂsion publiÂque de la haine raciale. Dans les années 70, la Ligue comÂmuÂniste fut interÂdite parce qu’elle attaÂqua manu miliÂtari un meeÂting d’Occident, lourÂdeÂment protégé par la police. On supÂpose donc que Dieudonné et Gaccio auraient condamné l’action de la LC…
Lorsqu’un comÂmando de la LDJ (Ligue de défÂense juive) sacÂcaÂgea la libraiÂrie Résistances qui difÂfuÂsait un livre douÂteux de Paul-Eric Blanrue (« Sarkozy et les Juifs  », publié par Oser dire, l’éditeur belge de l’Israélien négatiÂonnÂiste Israë l Shamir), toute l’extrême gauche et la gauche locaÂles s’indiÂgnèrent aux côtés de John Bastardi Dumont, avocat de... Faurisson. Bastardi Dumont prit la parole devant cette libraiÂrie « de gauche  » sans que perÂsonne ne pipe mot, à comÂmenÂcer par les diriÂgeants de CAPJPO-Europalestine, proÂpriétÂaires de ce haut lieu de "l’antiÂsioÂnisme".
On supÂpose que Dieudonné et Gaccio étaient égaÂlement opposés à l’action de la LDJ au nom du resÂpect... de la liberté d’expresÂsion.
Mais l’action de miliÂtants d’extrême gauche qui veuÂlent interÂdire la tenue d’un meeÂting fasÂciste doit-elle être mise sur le même plan que celle d’un comÂmando d’extrémÂistes de droite juifs qui, pour comÂpliÂquer l’affaire, veuÂlent empêcher la vente d’un livre antiséÂmite dans une libraiÂrie « antiÂsioÂniste  » ?
Voilà des quesÂtions comÂplexes, mais concrètes, sur lesÂquelÂles il aurait été intérÂessant de se penÂcher dans un livre sur la « liberté d’expresÂsion  ».
Si l’on est vraiÂment un parÂtiÂsan de la liberté totale d’expresÂsion, comme Bruno Gaccio et Dieudonné affirÂment l’être, il faut aussi prévoir que cela entraîÂnera des actions musÂclées pour faire interÂdire par la force l’expresÂsion de ce que la loi n’interÂdira pas. Ou alors se contenÂter d’orgaÂniÂser des sit-in paciÂfiÂques et de branÂdir des panÂcarÂtes expriÂmant son indiÂgnaÂtion polie devant un quarÂteÂron de fasÂcisÂtes, protégés par leur SO musclé et agresÂsif et un cordon de flics.
Or ni Gaccio ni Dieudonné ne nous expliÂquent leur posiÂtion à ce sujet...
Ce qui montre à quel point le titre du livre n’est qu’un piètre prétÂexte publiÂciÂtaire pour un éditeur peu regarÂdant et non l’annonce d’une réflexion utile sur un proÂblème très comÂplexe, et à propos duquel toute prise de posiÂtion a des conséquÂences comÂpliÂquées à maîtÂriser.
En ce qui concerne l’interÂview de Dieudonné, on ne peut que consÂtaÂter l’incompétÂence de l’interÂvieÂwer (Gavi ? Ménard ?).
En effet, quand Dieudonné décÂlare à propos de Serge Thion : « Il est négatiÂonnÂiste, lui ? Je ne connais pas ses écrits  »), il se fout du monde. Serge Thion est un ami de Pierre Guillaume, et depuis « La Vieille Taupe  » n° 2 (1979). Depuis plus de trente ans [2], il est notoire que ces deux indiÂviÂdus nient l’exisÂtence du judéoÂcide et des chamÂbres à gaz. Il suffit d’ailleurs d’aller sur Internet, de taper le nom de Serge Thion et de consulÂter ses sites, ses écrits publics. On décÂouvre aussi à quelÂles craÂpuÂles il s’est assoÂcié, comme par exemÂple Wilhelm Stäglich, dont il publia la traÂducÂtion en 1980 du « Mythe d’Auschwitz  ». Officier de la Luftwaffe penÂdant la Seconde Guerre monÂdiale, Stäglich exerça les foncÂtions de juge finanÂcier quelÂques années après 1945 et était membre du parti néo-nazi NPD…
L’interÂvieÂweur de Dieudonné montre aussi son incompétÂence, quand il laisse celui-ci expliÂquer qu’il est athée. Tout comme lui, Gaccio gobe tous les bobards que lui raconte le proÂpriétÂaire du Théâtre de la Main d’or : « Je ne suis pas antiséÂmite, je suis antiÂreÂliÂgieux, je n’aime ni les chrétiens, ni les musulÂmans ni les juifs.  » C’est le même qui décÂlare qu’il a « vu une lumière dans le Christ  », que celui-ci a été « cruÂciÂfié  », etc. Un athée, ou même un agnosÂtiÂque, ne tienÂdrait pas de tels propos et ne ferait jamais bapÂtiÂser sa fille à l’âge de deux ans : il laisÂseÂrait celle-ci décider de son chemin toute seule, et attenÂdre au moins qu’elle ait atteint une cerÂtaine matuÂrité et puisse exerÂcer sa liberté de choix. Et l’interÂvieÂweur anoÂnyme ne relève même pas ces propos incohérents (ce baptême serait égaÂlement une « Å“uvre humoÂrisÂtiÂque  », une « perÂforÂmance artisÂtiÂque, un tour de magie  ») et ces menÂsonÂges grosÂsiers.
Quand Dieudonné affirme que « pour les Noirs de l’Afrique du Sud, l’aparÂtheid a fait autant de morts que l’Allemagne nazie  », Ménard (ou Gavi ?) ne relève même pas qu’il comÂpare l’aparÂtheid non seuÂleÂment avec l’exterÂmiÂnaÂtion des Juifs, ce qui est déjà absurde, mais avec les conséquÂences des interÂvenÂtions des armées alleÂmanÂdes dans toute l’Europe...
Pratiquer une disÂcriÂmiÂnaÂtion barÂbare accomÂpaÂgnée d’une réprÂession poliÂtiÂque sans pitié contre tous ses oppoÂsants, ce n’est pas la même chose qu’un génoÂcide. Ce sont deux phénomènes poliÂtiÂques qui relèvent de la barÂbaÂrie capiÂtaÂliste mais ne sont pas interÂchanÂgeaÂbles et assiÂmiÂlaÂbles l’un à l’autre, même s’ils sont tous deux morÂtifères.
Dieudonné menÂtionne deux fois l’UJPP (orgaÂniÂsaÂtion qui n’existe pas – il s’agit en fait de l’UJFP, Union juive françÂaise pour la paix) et prétend qu’il s’agit d’une orgaÂniÂsaÂtion « juive  » alors que sa charte affirme qu’elle « accepte des memÂbres juifs et non juifs  ». L’éditeur et l’interÂvieÂweur laisÂsent donc Dieudonné raconter n’importe quoi sur des points de « détail  » comme sur des quesÂtions hisÂtoÂriÂques fonÂdaÂmenÂtaÂles, sans même vérifier l’exacÂtiÂtude de ses propos.
Loin de « parler de liberté  », comme le prétend la quaÂtrième de couÂverÂture, ce livre permet à Dieudonné de difÂfuÂser sa proÂpaÂgande antiséÂmite à peine voilée contre les « milÂliarÂdaiÂres juifs  », la « comÂmuÂnauté sioÂniste  » (sioÂniste étant un terme codé pour juif), de craÂcher sa bile raciste contre Polanski qui « apparÂtient à cette caste de sioÂnisÂtes qui branÂdisÂsent systéÂmaÂtiqÂuement la carte de la Shoah pour passer devant tout le monde  » contraiÂreÂment au « petit Juif  » qui, lui, « irait en prison comme tout le monde  » sans que l’éditeur ne dénÂonce son lanÂgage hypoÂcrite pour ce qu’il est : le vieil antiséÂmitÂisme chrétien comÂbiné à une des verÂsions antiséÂmites moderÂnes de l’antiÂsioÂnisme.
Ce livre médÂiocre permet seuÂleÂment à un éditeur peu scruÂpuÂleux de faire connaître sa toute nouÂvelle maison par un petit coup médÂiaÂtique en posant une fausse quesÂtion, sans demanÂder à ses interÂloÂcuÂteurs d’y répÂondre sériÂeuÂsement, sans les faire diaÂloÂguer entre eux (ce qui est quand même un comble quand on voit la couÂverÂture déliÂbérément ambiÂguë du livre) et en se donÂnant à bon compte et sans risque le visage d’un défÂenseur de la liberté d’expresÂsion.
Triste époque que celle qui permet à quatre guiÂgnols (Gavi, Ménard, Gaccio et Dieudonné) de se cacher derÂrière un beau prinÂcipe en évitant les quesÂtions essenÂtielÂles...
Y.C., juillet 2010. À paraître dans Ni patrie ni fronÂtières n° 30-31.
Trouvé sur mondialisme.org
[1] Dans Le Monde du 18/09/2007 on peut lire :« Au cours d’un débat contraÂdicÂtoire (…) l’abbé Laguérie (…) a déclaré à propos des camps de concenÂtraÂtion nazis : (…) " Tout le flot de haine qui est dirigé contre Jean-Marie Le Pen est susÂcité, orgaÂnisé, par la grande banque juive qui tient la France en dicÂtaÂture depuis quaÂrante-cinq ans (...). D’ailleurs, les thèses des proÂfesÂseurs Roques et Faurisson sont parÂfaiÂteÂment scienÂtiÂfiÂques."  »
[2] Le livre de Serge Thion « Vérité hisÂtoÂriÂque ou vérité poliÂtiÂque ? Le dosÂsier de l’affaire Faurisson La quesÂtion des chamÂbres à gaz  » est consulÂtaÂble graÂtuiÂteÂment sur Internet. Si les éditions Mordicus avaient fait corÂrecÂteÂment leur traÂvail, elles auraient pu se rendre compte que Dieudonné est un menÂteur patenté. Cet ouvrage fut « édité à l’enseiÂgne de La Vieille Taupe, avec la parÂtiÂciÂpaÂtion et sous la resÂponÂsaÂbiÂlité de Jacob Assous, Denis Authier, Jean-Gabriel Cohn-Bendit, Maurice Di Scuillo, Jean-Luc Redlinski, Gabor Tamà s Rittersporn et Serge Thion  » indiÂque la couÂverÂture. À notre connaisÂsance, sur les huit compères, au moins deux d’entre eux, Authier et Cohn-Bendit (le frère de l’actuel Charlot vert), priÂrent leurs disÂtanÂces avec les « révisiÂonnÂistes  ».