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A propos d’un livre de Bruno Gaccio et Dieudonné : « Peut-on tout dire ?  »

dimanche 1er août 2010

Après nous avoir raconté ses mésav­en­tures pour trou­ver une per­son­na­lité connue qui accepte d’acco­ler son nom àcelui de Dieudonné – l’ami de Jean-Marie Le Pen, du curé intégr­iste et antisé­mite Laguérie [1], du natio­na­liste fas­ci­sant Alain Soral, du raciste Semi Keba, et des « révisi­onn­istes  » (tra­duire : négati­onn­istes) Serge Thion et Robert Faurisson –, l’éditeur Robert Ménard (ex-pape de Reporters sans fron­tières et dés­ormais ani­ma­teur d’un talk show sur la chaîne d’infos i télé) nous « offre  » un bien curieux cadeau, au nom de la « liberté d’expres­sion  » qu’il prétend déf­endre avec le pré­facier (ex-maoïste) Philippe Gavi : un livre où Dieudonné nous prend pour des imbé­ciles et des igno­rants, et où Bruno Gaccio (ex-écrivain des sketchs des « Guignols de l’info  » sur la chaîne Canal Plus, mais aussi de Patrick Timsitt et quel­ques autres comi­ques) ne sait pas dire grand-chose en dehors de répéter (tout comme Ménard) une phrase que Voltaire n’a jamais écrite ni pro­noncée, même si elle ne trahit pas sa pensée : « Je ne suis pas d’accord avec ce que vous dites, mais je me bat­trai pour que vous puis­siez le dire libre­ment.  »

Commençons par Bruno Gaccio : com­pa­rant, en bon comp­ta­ble aux idées cour­tes, 400 ans de traite négrière et 3 ans de « Shoah  » (terme signi­fiant « catas­tro­phe  », auquel nous pré­férons celui de « judéo­cide  »), l’ex-mana­ger des Guignols dév­oile le peu de consis­tance de sa réflexion sur des sujets aussi graves que les conséqu­ences meur­trières de l’escla­vage et celles de l’exter­mi­na­tion des Juifs pen­dant la Seconde Guerre mon­diale. Il prétend que « la com­mu­nauté mon­diale  » se serait mise « d’accord pour dén­oncer le racisme d’Hitler  » en seu­le­ment six ans – réd­uisant le judéo­cide, le système tota­li­taire nazi, l’inva­sion de toute l’Europe et de la Russie par les armées alle­man­des àun simple pro­blème de mau­vais sen­ti­ments : « le racisme d’Hitler  ».

Même si l’on réduit, de façon cari­ca­tu­rale, le nazisme au « racisme  » et àla « folie  » d’un seul indi­vidu (Hitler), et si l’on croit que l’antisé­mit­isme serait una­ni­me­ment condamné par la « com­mu­nauté mon­diale  » depuis un demi-siècle, on se demande alors pour­quoi il existe encore des négati­onn­istes ; pour­quoi on van­da­lise de syna­go­gues, agresse des Juifs encore au XXIe siècle en Europe, quand on ne les tor­ture pas pour les tuer, comme ce fut le cas d’Ilan Halimi ; on se demande pour­quoi le pré­sident ira­nien Ahmadinejad tient régul­ièrement des propos antisé­mites ; pour­quoi le « Protocole des Sages de Sion  » est un best-seller dans les pays arabo-musul­mans ; pour­quoi l’Eglise catho­li­que a mis 20 siècles pour com­men­cer àadmet­tre ses res­pon­sa­bi­lités dans l’anti­ju­daïsme et donc dans l’antisé­mit­isme ; pour­quoi des mil­lions de bibles cir­cu­lent en Amérique latine avec des com­men­tai­res hos­ti­les au judaïsme et aux juifs ; ou pour­quoi la classe poli­ti­que franç­aise a attendu 1995 (Chirac) et 1997 (Jospin) pour reconnaître la res­pon­sa­bi­lité du régime de Vichy dans l’exter­mi­na­tion des juifs vivant en France), etc.

Visiblement Gaccio ne connaît rien àl’his­toire de l’antisé­mit­isme ni àcelle de la traite négrière (dénoncée par Montaigne, Montesquieu et Voltaire, même si aucun d’entre d’eux ne fut un mili­tant anti-escla­va­giste, au sens moderne du terme).

Non seu­le­ment il com­pare des phénomènes his­to­ri­ques qui ne sont pas com­pa­ra­bles, mais il rejoint la légion des indi­vi­dus dou­teux qui com­pa­rent le sort des Africains emmenés en escla­vage et celui des Juifs, en se fon­dant sur des argu­ments comp­ta­bles. On peut les résumer ainsi : « Les Européens ont tué 50 mil­lions d’escla­ves en quatre siècles [chif­fre faux et de sur­croît indém­ont­rable, Y.C.], puis 6 mil­lions de Juifs en 3 ans. Or les livres d’his­toire européens et amé­ricains, les médias, les films, les séries télévisées, etc. accor­dent mille fois plus de place aux 6 mil­lions de vic­ti­mes juives qu’aux 50 mil­lions de vic­ti­mes afri­cai­nes. Cherchez l’erreur...  »

Et quand je repro­duis ce « rai­son­ne­ment  », je ne me fais l’écho que de la ver­sion la plus modérée de ces com­pa­rai­sons comp­ta­bles. Celles que l’on trouve sur Internet, ou dans les conver­sa­tions de bis­trot, sont beau­coup plus trash. Cela va de « 6 mil­lions, est-on vrai­ment sà»r qu’il y en ait eu autant ? Les his­to­riens ont-ils cor­rec­te­ment tra­vaillé sur cette ques­tion  » ver­sion àlaquelle fait hypo­cri­te­ment écho Dieudonné (« pour­quoi ne pas orga­ni­ser un débat, aussi insou­te­na­ble soit-il, invi­ter les négati­onn­istes sur un pla­teau pour qu’ils expli­quent àla face du monde com­ment ils peu­vent nier un holo­causte avéré plutôt que de les cri­mi­na­li­ser ?  ») aux asser­tions fan­tai­sis­tes sur les « négriers juifs  » (que men­tionne Dieudonné sans que son inter­lo­cu­teur – Ménard ? Gavi ? – lui demande des comp­tes).

Le judéo­cide nazi est un phénomène his­to­ri­que spé­ci­fique, que l’on ne peut com­pa­rer méca­niq­uement àl’escla­vage et aux trai­tes négrières (afri­cai­nes, orien­ta­les et occi­den­ta­les) qui ont fait des mil­lions de vic­ti­mes, elles aussi, en se fon­dant sur des données uni­que­ment comp­ta­bles.

De même l’antisé­mit­isme (suc­ces­si­ve­ment l’anti­ju­daïsme chrétien, puis l’antisé­mit­isme racial et enfin cer­tai­nes formes – pas toutes, heu­reu­se­ment – d’« anti­sio­nisme  » actuel­les) est un phénomène par­ti­cu­lier.

Le racisme contre les Africains, les Antillais et les Afro-Américains est un autre fléau de l’huma­nité que l’on ne peut assi­mi­ler ni com­pa­rer hâtive­ment au pre­mier, et qui se déc­om­pose lui-même en plu­sieurs types de racisme « anti-Noirs  » différents.

L’antisé­mit­isme n’est ni moins ni plus condam­na­ble que le racisme des Blancs contre les Noirs. Ce sont des phénomènes aux causes différ­entes, àmoins de tout ranger dans la même caté­gorie morale (d’où les expres­sions idio­tes comme le « racisme anti­jeu­nes  ») ou sous la rubri­que des « pho­bies  », terme encore plus vague, d’où ces expres­sions psy­cho­lo­gi­san­tes comme « homo­pho­bie  », « isla­mo­pho­bie  », « judé­op­hobie  », qui ne devraient pas avoir leur place dans les rai­son­ne­ments des his­to­riens tant elles sont floues.

On doit bien sà»r condam­ner, dén­oncer, com­bat­tre toutes les formes de dis­cri­mi­na­tions, en expli­quer les causes, etc. En même temps, rien ne sert de cons­truire une éch­elle des prio­rités dans l’indi­gna­tion, la dén­onc­iation, ou l’hor­reur.

Si l’on com­mence àvou­loir rai­son­ner sur ce ter­rain-là, comme le fait Gaccio, on sert la soupe àDieudonné et ses prét­endues naïvetés. D’ailleurs Gaccio tient le même lan­gage que Dieudonné quand il déc­lare : « Je sais bien que, sous la couette de l’anti­sio­nisme, dort sou­vent un antisé­mite. Mais, du coup, on ne peut plus parler de la poli­ti­que israéli­enne dans les ter­ri­toi­res occupés, qui est quand même une poli­ti­que de répr­ession indi­gne.  »

Vous avez bien lu, en France, selon Gaccio, « ON NE PEUT PLUS PARLER de la poli­ti­que israéli­enne dans les ter­ri­toi­res occupés  » ! De là, àaffir­mer, comme Blanrue que la poli­ti­que franç­aise est dictée par les « sio­nis­tes  » (tra­duire les juifs), il n’y a qu’un pas, que fran­chis­sent allég­rement les Dieudonné, Soral, et autres Faurisson.

Gaccio tient le même lan­gage que Dieudonné quand il écrit « force est de cons­ta­ter que 800 000 vic­ti­mes tuées parce qu’elles appar­tien­nent àune ethnie par­ti­cu­lière pèsent moins lourd dans la balance que les 6 mil­lions exter­minées pen­dant la Seconde Guerre mon­diale pour les mêmes rai­sons  ».

Le nazisme et l’antisé­mit­isme alle­mands n’ont rien àvoir avec l’idéo­logie et les pra­ti­ques des géno­cid­aires rwan­dais, sauf àaffir­mer, comme Pierre Dac, que "Tout est dans tout et récip­roq­uement." Ce sont des mis­sion­nai­res belges, sur­tout des Pères blancs, d’ori­gine fla­mande, qui théorisèrent la supér­iorité des Tutsis, considérés comme une aris­to­cra­tie féo­dale d’ori­gine éth­iopi­enne ou égypti­enne, puis parièrent sur les Hutus pour former une élite poli­ti­que àla botte du pou­voir colo­nial, créant ainsi les bases de pro­fon­des divi­sions "eth­ni­ques".

Mais sur­tout, et c’est beau­coup plus grave, Gaccio se garde bien d’atta­quer les gou­ver­ne­ments français, l’armée franç­aise qui ont laissé faire le géno­cide rwan­dais. Il pré­fère lâche­ment en remet­tre une couche sur l’ins­tru­men­ta­li­sa­tion du judéo­cide - par qui donc ?

Il a le culot d’écrire, au mépris de la vérité la plus élém­ent­aire : « Il n’y a pas la même liberté pour parler de la souf­france de la traite négrière et celle de la Shoah.  » Tout comme àpropos des « ter­ri­toi­res occupés  » par Israë l, Gaccio ne nous donne aucune pré­cision sur ce prét­endu manque de liberté.

Il pré­fère nous servir une gui­mauve sen­ti­men­tale inepte : « Or, quelle que soit la cause, souf­frir, c’est souf­frir.  » On appréc­iera la pro­fon­deur de la pensée gachies­que, com­plétée par cette phrase inou­blia­ble, digne d’un sermon de curé : « ils ont souf­fert et cette souf­france est uni­ver­selle, elle nous appar­tient àtous  ». Gaccio devrait pos­tu­ler auprès du pape, pour lui écrire ses dis­cours, il aurait sà»rement du succès.

Et il embraye sur deux perles dieu­don­nes­ques, cette fois : « il y a des racis­mes plus uni­ver­sels que d’autres (…) Les Noirs sont inférieurs aux Blancs, on peut les vendre comme des mar­chan­di­ses (…) c’est plus grave dans l’expres­sion du racisme qu’un fou qui clame qu’il va mettre tous les juifs dans un four et qui est contesté au moment où il le dit  ». La science his­to­ri­que gachies­que est stupéfi­ante : ainsi Hitler aurait affirmé publi­que­ment qu’il allait gazer tous les Juifs dans des « fours  » et en plus tous ses contem­po­rains le savaient et l’auraient « dénoncé  » àl’époque !

De telles affir­ma­tions sont cons­ter­nan­tes...même venant d’un prét­endu « auto­di­dacte  » (je connais des dizai­nes d’auto­di­dac­tes qui disent moins de conne­ries !).

Passons main­te­nant aux propos du copain de Le Pen et Thion dans ce livre.

Soyons clairs : il nous semble dégu­eul­asse que Dieudonné ait été vic­time d’agres­sions phy­si­ques àplu­sieurs repri­ses, ainsi que ses enfants (une fois, mais une fois de trop), sans que cela ait sus­cité une rép­ro­bation géné­rale. Il a donc par­fai­te­ment raison de com­pa­rer le vacarme méd­ia­tique orga­nisé autour des mésav­en­tures d’Arthur (comi­que et pro­duc­teur d’émissions de télé­vision méd­iocres), et le silence qui a entouré les agres­sions dont il a été vic­time.

Allons même plus loin. On peut, comme le font Gaccio et Dieudonné, penser qu’il vau­drait mieux que l’expres­sion du racisme, de l’antisé­mit­isme, du négati­onn­isme, soit par­fai­te­ment libre, pour mieux pou­voir dém­asquer leurs par­ti­sans. Mais une fois que l’on a dit cela, il faut en tirer les conséqu­ences, et ne pas rester sur le ter­rain de géné­ralités pseudo vol­tai­rien­nes.

Si l’on ne veut plus que l’Etat légifère sur ces ques­tions, il ne faudra pas non plus s’étonner que ceux qui se sen­tent àjuste titre insultés par des propos racis­tes ou antisé­mites pas­sent àl’action eux-mêmes, si l’Etat adopte une atti­tude neutre face àl’expres­sion publi­que de la haine raciale. Dans les années 70, la Ligue com­mu­niste fut inter­dite parce qu’elle atta­qua manu mili­tari un mee­ting d’Occident, lour­de­ment protégé par la police. On sup­pose donc que Dieudonné et Gaccio auraient condamné l’action de la LC…

Lorsqu’un com­mando de la LDJ (Ligue de déf­ense juive) sac­ca­gea la librai­rie Résistances qui dif­fu­sait un livre dou­teux de Paul-Eric Blanrue (« Sarkozy et les Juifs  », publié par Oser dire, l’éditeur belge de l’Israélien négati­onn­iste Israë l Shamir), toute l’extrême gauche et la gauche loca­les s’indi­gnèrent aux côtés de John Bastardi Dumont, avocat de... Faurisson. Bastardi Dumont prit la parole devant cette librai­rie « de gauche  » sans que per­sonne ne pipe mot, àcom­men­cer par les diri­geants de CAPJPO-Europalestine, pro­priét­aires de ce haut lieu de "l’anti­sio­nisme".

On sup­pose que Dieudonné et Gaccio étaient éga­lement opposés àl’action de la LDJ au nom du res­pect... de la liberté d’expres­sion.

Mais l’action de mili­tants d’extrême gauche qui veu­lent inter­dire la tenue d’un mee­ting fas­ciste doit-elle être mise sur le même plan que celle d’un com­mando d’extrém­istes de droite juifs qui, pour com­pli­quer l’affaire, veu­lent empêcher la vente d’un livre antisé­mite dans une librai­rie « anti­sio­niste  » ?

Voilàdes ques­tions com­plexes, mais concrètes, sur les­quel­les il aurait été intér­essant de se pen­cher dans un livre sur la « liberté d’expres­sion  ».

Si l’on est vrai­ment un par­ti­san de la liberté totale d’expres­sion, comme Bruno Gaccio et Dieudonné affir­ment l’être, il faut aussi prévoir que cela entraî­nera des actions mus­clées pour faire inter­dire par la force l’expres­sion de ce que la loi n’inter­dira pas. Ou alors se conten­ter d’orga­ni­ser des sit-in paci­fi­ques et de bran­dir des pan­car­tes expri­mant son indi­gna­tion polie devant un quar­te­ron de fas­cis­tes, protégés par leur SO musclé et agres­sif et un cordon de flics.

Or ni Gaccio ni Dieudonné ne nous expli­quent leur posi­tion àce sujet...

Ce qui montre àquel point le titre du livre n’est qu’un piètre prét­exte publi­ci­taire pour un éditeur peu regar­dant et non l’annonce d’une réflexion utile sur un pro­blème très com­plexe, et àpropos duquel toute prise de posi­tion a des conséqu­ences com­pli­quées àmaît­riser.

En ce qui concerne l’inter­view de Dieudonné, on ne peut que cons­ta­ter l’incompét­ence de l’inter­vie­wer (Gavi ? Ménard ?).

En effet, quand Dieudonné déc­lare àpropos de Serge Thion : « Il est négati­onn­iste, lui ? Je ne connais pas ses écrits  »), il se fout du monde. Serge Thion est un ami de Pierre Guillaume, et depuis « La Vieille Taupe  » n° 2 (1979). Depuis plus de trente ans [2], il est notoire que ces deux indi­vi­dus nient l’exis­tence du judéo­cide et des cham­bres àgaz. Il suffit d’ailleurs d’aller sur Internet, de taper le nom de Serge Thion et de consul­ter ses sites, ses écrits publics. On déc­ouvre aussi àquel­les cra­pu­les il s’est asso­cié, comme par exem­ple Wilhelm Stäglich, dont il publia la tra­duc­tion en 1980 du « Mythe d’Auschwitz  ». Officier de la Luftwaffe pen­dant la Seconde Guerre mon­diale, Stäglich exerça les fonc­tions de juge finan­cier quel­ques années après 1945 et était membre du parti néo-nazi NPD…

L’inter­vie­weur de Dieudonné montre aussi son incompét­ence, quand il laisse celui-ci expli­quer qu’il est athée. Tout comme lui, Gaccio gobe tous les bobards que lui raconte le pro­priét­aire du Théâtre de la Main d’or : « Je ne suis pas antisé­mite, je suis anti­re­li­gieux, je n’aime ni les chrétiens, ni les musul­mans ni les juifs.  » C’est le même qui déc­lare qu’il a « vu une lumière dans le Christ  », que celui-ci a été « cru­ci­fié  », etc. Un athée, ou même un agnos­ti­que, ne tien­drait pas de tels propos et ne ferait jamais bap­ti­ser sa fille àl’âge de deux ans : il lais­se­rait celle-ci décider de son chemin toute seule, et atten­dre au moins qu’elle ait atteint une cer­taine matu­rité et puisse exer­cer sa liberté de choix. Et l’inter­vie­weur ano­nyme ne relève même pas ces propos incohérents (ce baptême serait éga­lement une « Å“uvre humo­ris­ti­que  », une « per­for­mance artis­ti­que, un tour de magie  ») et ces men­son­ges gros­siers.

Quand Dieudonné affirme que « pour les Noirs de l’Afrique du Sud, l’apar­theid a fait autant de morts que l’Allemagne nazie  », Ménard (ou Gavi ?) ne relève même pas qu’il com­pare l’apar­theid non seu­le­ment avec l’exter­mi­na­tion des Juifs, ce qui est déjàabsurde, mais avec les conséqu­ences des inter­ven­tions des armées alle­man­des dans toute l’Europe...

Pratiquer une dis­cri­mi­na­tion bar­bare accom­pa­gnée d’une répr­ession poli­ti­que sans pitié contre tous ses oppo­sants, ce n’est pas la même chose qu’un géno­cide. Ce sont deux phénomènes poli­ti­ques qui relèvent de la bar­ba­rie capi­ta­liste mais ne sont pas inter­chan­gea­bles et assi­mi­la­bles l’un àl’autre, même s’ils sont tous deux mor­tifères.

Dieudonné men­tionne deux fois l’UJPP (orga­ni­sa­tion qui n’existe pas – il s’agit en fait de l’UJFP, Union juive franç­aise pour la paix) et prétend qu’il s’agit d’une orga­ni­sa­tion « juive  » alors que sa charte affirme qu’elle « accepte des mem­bres juifs et non juifs  ». L’éditeur et l’inter­vie­weur lais­sent donc Dieudonné raconter n’importe quoi sur des points de « détail  » comme sur des ques­tions his­to­ri­ques fon­da­men­ta­les, sans même vérifier l’exac­ti­tude de ses propos.

Loin de « parler de liberté  », comme le prétend la qua­trième de cou­ver­ture, ce livre permet àDieudonné de dif­fu­ser sa pro­pa­gande antisé­mite àpeine voilée contre les « mil­liar­dai­res juifs  », la « com­mu­nauté sio­niste  » (sio­niste étant un terme codé pour juif), de cra­cher sa bile raciste contre Polanski qui « appar­tient àcette caste de sio­nis­tes qui bran­dis­sent systé­ma­tiq­uement la carte de la Shoah pour passer devant tout le monde  » contrai­re­ment au « petit Juif  » qui, lui, « irait en prison comme tout le monde  » sans que l’éditeur ne dén­once son lan­gage hypo­crite pour ce qu’il est : le vieil antisé­mit­isme chrétien com­biné àune des ver­sions antisé­mites moder­nes de l’anti­sio­nisme.

Ce livre méd­iocre permet seu­le­ment àun éditeur peu scru­pu­leux de faire connaître sa toute nou­velle maison par un petit coup méd­ia­tique en posant une fausse ques­tion, sans deman­der àses inter­lo­cu­teurs d’y rép­ondre séri­eu­sement, sans les faire dia­lo­guer entre eux (ce qui est quand même un comble quand on voit la cou­ver­ture déli­bérément ambi­guë du livre) et en se don­nant àbon compte et sans risque le visage d’un déf­enseur de la liberté d’expres­sion.

Triste époque que celle qui permet àquatre gui­gnols (Gavi, Ménard, Gaccio et Dieudonné) de se cacher der­rière un beau prin­cipe en évitant les ques­tions essen­tiel­les...

Y.C., juillet 2010. À paraître dans Ni patrie ni fron­tières n° 30-31.

Trouvé sur mondialisme.org


[1Dans Le Monde du 18/09/2007 on peut lire :« Au cours d’un débat contra­dic­toire (…) l’abbé Laguérie (…) a déclaré àpropos des camps de concen­tra­tion nazis : (…) " Tout le flot de haine qui est dirigé contre Jean-Marie Le Pen est sus­cité, orga­nisé, par la grande banque juive qui tient la France en dic­ta­ture depuis qua­rante-cinq ans (...). D’ailleurs, les thèses des pro­fes­seurs Roques et Faurisson sont par­fai­te­ment scien­ti­fi­ques."  »

[2Le livre de Serge Thion « Vérité his­to­ri­que ou vérité poli­ti­que ? Le dos­sier de l’affaire Faurisson La ques­tion des cham­bres àgaz  » est consul­ta­ble gra­tui­te­ment sur Internet. Si les éditions Mordicus avaient fait cor­rec­te­ment leur tra­vail, elles auraient pu se rendre compte que Dieudonné est un men­teur patenté. Cet ouvrage fut « Ã©dité àl’ensei­gne de La Vieille Taupe, avec la par­ti­ci­pa­tion et sous la res­pon­sa­bi­lité de Jacob Assous, Denis Authier, Jean-Gabriel Cohn-Bendit, Maurice Di Scuillo, Jean-Luc Redlinski, Gabor Tamàs Rittersporn et Serge Thion  » indi­que la cou­ver­ture. À notre connais­sance, sur les huit compères, au moins deux d’entre eux, Authier et Cohn-Bendit (le frère de l’actuel Charlot vert), pri­rent leurs dis­tan­ces avec les « révisi­onn­istes  ».