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Athènes : Lettre du compagnon Antonis Stamboulos depuis le quartier général de la police

vendredi 10 octobre 2014

Antonis Stamboulos a été arrêté mercredi 1 octobre 2014 dans la ville de Vyronas, en banlieue d’Athènes. Selon la presse, il serait accusé d’être un membre de Lutte Révolutionnaire et de préparer des attaques contre des politiciens ou contre un siège de "Néa Dimokratía" (parti de droite, au gouvernement). Le 6 octobre il a commencé une grève de la faim et de la soif, refusant d’être transféré dans une prison loin d’Athènes (chose qui est une forme de pression de la part de l’État sur ses proches). Le 7 octobre, le compagnon a été transféré dans la taule de Larissa (où un petit rassemblement de soutien a eu lieu). Il veut continuer sa grève de la faim et de la soif jusqu’àl’obtention de son transfert àAthènes

Le 1er octobre 2014, j’ai été arrêté, emmené cagoulé dans une salle d’interrogatoire de l’unité antiterroriste. De 17h jusqu’à1h du matin, un groupe de flics cagoulés - et alors que j’étais menotté derrière le dos - a prélevé mes échantillons d’ADN, empreintes digitales et (essayé de prendre) des photos par la force, au milieu d’ironies, d’étranglements, d’entorses, de passages àtabac et de menaces de m’électrocuter, pensant que cela me ferait collaborer. À 1h du matin, j’ai vu les flics sans cagoule pour la première fois, qui me déclarent que je suis accusé de terrorisme. Jusqu’à5h30 du matin, je suis resté dans une cellule de détention 1×3m, toujours menotté les mains derrière le dos. Le lendemain, ils ont essayé de me photographier une fois de plus.

Pour ma part, je me suis abstenu de nourriture et d’eau dès le premier instant, en exigeant de parler àun avocat. Après 24 heures de détention, ils m’ont finalement autorisé àprévenir un avocat et j’ai réussi àla voir pendant quelques minutes seulement avant d’être amené devant le procureur.

Je partage ce qui précède avec les compagnons combattants comme une petite expérience de lutte.

Peu importe que l’attitude de l’État envers nous soit clémente ou sévère - cela dépend toujours des circonstances - elle ne peut jamais nous briser, tant que nous sommes conscients de la responsabilité qui découle de notre position en tant qu’anarchistes, dans les moments d’adversité.

Parce que les moments difficiles de la lutte sont ceux qui trempent la conscience. Parce que dans ces circonstances, chacun de nous est le défenseur des idéaux de la société pour laquelle nous nous battons. Beaucoup de sang a été versé dans la lutte pour l’émancipation de la société de classe, il serait dès lors ridicule de fléchir face aux manœuvres des flics.
J’ai tenu une position négative contre les exigences des laquais étatistes d’extirper mes infos personnelles pour deux raisons. Premièrement, pour des raisons éthiques, puisque je crois que chaque anarchiste révolutionnaire se doit de ne pas donner un pouce même de terrain àl’ennemi de classe. Et deuxièmement, parce que j’étais conscient de la gravité de l’affaire dans laquelle ils m’impliquent, je voulais protéger mes compagnon-nes et ami-es des vautours qui me détiennent en captivité. Tant que les Clouseaus ne trouvaient pas mon nom, je n’étais pas du tout prêt àle leur donner. Au moment d’écrire ces lignes, deux jours après l’arrestation, la police m’a « enfin » identifié.

Il est clair que les chefs de l’anti-terrorisme et en particulier leurs supérieurs politiques espéraient faire un scoop avec mon arrestation, d’où les fuites àla presse concernant le cahier de notes contenant "des itinéraires précisément chronométrés" , les cibles, vélos et « saucisses  » [?]. Ils créent sur mesure une histoire qui va avec leur scénario ; un scénario qui, àla fin, doit toujours les faire sortir gagnants.

Ce que j’ai fait, qui je suis et pourquoi j’étais làoù j’ai été arrêté n’est en rien l’affaire de la police et des procureurs mais la mienne. Par conséquent, je n’ai pas àme justifier aux gardiens de la légalité bourgeoise, mais seulement au mouvement révolutionnaire, aux camarades et aux gens qui choisissent de ne pas vivre comme des esclaves.

Je considère ce premier contact avec le monde extérieur comme étant nécessaire, ne me faisant aucune illusion sur ma mise en détention préventive.

Pour l’instant, je suis retenu captif entre les mains des serviteurs du capital, mais mon cœur appartient toujours au camp de la révolution.

La lutte continue.
Vive la révolution.
Vive l’anarchie.

Antonis Stamboulos
du Quartier Général de Police, 173, avenue Alexandras
Le 4 octobre 2014

[Lettre reprise, avec de petites modifications, du Chat Noir Émeutier]