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Aux pédants de la presse bourgeoise

mardi 5 juillet 2011

Alors que la presse pro-capitaliste italienne se déchaîne sur le thème des injustices des autres pays, surtout ceux derrière le rideau de fer, au point qu’elle prend un goà»t incroyable àen décrire les lagers, les ghettos ou les camps de travail forcé en imitant la plume de Dostoïevski et de Tolstoï, nous posons aux plumitifs de droite et de gauche une question précise : vous qui connaissez par cÅ“ur Soljenitsyne et sa tragique histoire sur les archipels de la mort, n’êtes-vous jamais allés voir ce qui se passe dans les lagers psychiatriques italiens, au doux pays de Beccaria [1] et Lombroso [2] ? Non ? Bien, allez-y et vous n’aurez peut-être plus le courage de tonner contre les asiles des autres pays où on lave les cerveaux avec l’acide chlorhydrique officiel jusqu’àce que soit éteinte la dernière cellule de la libre pensée.

Ces choses là, nous les connaissons mieux que vous depuis 1918... Mais vous ne savez pas, ou faites semblant de ne pas savoir, ce qu’on pratique dans les asiles de notre Alma terra natia [notre terre natale], où les cerveaux ne sont pas lavés, mais brisés àcoups de bâtons, où les membres sont rompus sur des lits de Procuste, au milieu des hurlements hallucinés des massacrés au nom de la « science psychiatrique  » du régime chrétien, où se pratique encore aujourd’hui la torture Usque ad mortem [jusqu’àla mort], comme au temps d’Alessandro Borgia et du Pape Clément VII.

Avez-vous déjàentendu les noms néfastes de Saporiti, Amati et de Raguzzini, les directeurs de l’ordre de l’asile psychiatrique judiciaire de Aversa ? Peut-être pas. Alors, faites l’effort d’écouter ces disciples impénitents de la criminologie lombrosienne, lorsqu’ils donnent en privé leur cours aux farouches gardiens d’asile, tous d’anciens rustres semi-analphabètes du sud.

Ecoutez-les : « Ceux dont vous avez la garde sont des délinquants congénitaux, comme le prouve leur somatique particulière : front proéminent, zygomatiques saillants, mâchoires prognathes, oreilles décollées, bras simiesques, démarche bancale. La cause de leurs délits est de nature psycho-physique, ils surgissent d’une glande cachée àla base du crâne. Ces délinquants accomplissent donc leur crime par nécessité organique, et sont pour cela pénalement irresponsables.

Mais la société doit se défendre et dispose pour cela du pouvoir de les enfermer dans des asiles psychiatriques pour un temps indéterminé. Des raisons d’opportunité sociale nous conseillent donc leur élimination “scientifique...†, sans tapage inutile. Nous avons aussi des criminels qui n’ont pas les oreilles décollées, etc., mais qui sont tout de même fous et irresponsables. Pour les maîtriser, il faut les traiter avec les fouets et les lits de contention. Plus tôt ils disparaissent, mieux ce sera pour la société que nous défendons.  »

Maintenant, dispensez ces cours àun corps de garde ignorant et féroce, et imaginez ce qui arrivera aux malheureux qui tombent dans ces Lagers de la bonne santé !...
Un autre archipel du goulag !
Sentez aussi un peu la merde de votre pays, ô plumes vendues àceux qui les paient le plus !

Extrait de l’Amico del popolo n°33 (février 1978-mars 1979).


[1Cesare Beccaria (1738-1794) : Marquis milanais auteur du livre « Des délits et des peines  » (1764), proposant une réforme de l’ordre juridique. Les historiens retiennent plus volontiers que Beccaria s’est prononcé pour l’abolition de la peine de mort et l’établissement d’un système judiciaire moderne qui a inspiré les bourgeois de la Révolution française, oubliant qu’il défendait l’établissement de peines fixes (non individualisées et sans de quelconques circonstances atténuantes) et le maintien de peines corporelles.

[2Cesare Lombroso (1835-1909) : Directeur de l’hôpital psychiatrique de Pesaro (1871) puis professeur de clinique psychiatrique àl’université de Turin, Lombroso est un des fondateurs de la criminologie. Théoricien du criminel-né, qui se reconnaît en fonction de signes morphologiques héréditaires (larges oreilles, lèvres charnues, yeux « mongoloïdes  »), ce socialiste est l’auteur de « L’homme criminel, criminel-né, fou moral, épileptique  » en 1887, puis de « Les anarchistes  » en 1894, et de « La femme criminelle et la prostituée  » en 1895.