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Berlin : Kreuzberg en état de siège / actions de solidarité avec les réfugiés

jeudi 3 juillet 2014

Depuis mardi 24 juin 2014 midi àBerlin, plus de 900 unités de police, armées de fusils mitrailleurs, se sont positionnées autour du quartier de Kreuzberg dans l’optique d’expulser les réfugiés sans-papiers qui ont réquisitionné l’école Gerhart Hauptmann, sur la Ohlauerstrasse. Si la majorité des occupant-es a accepté une proposition de relogement de la part du sénat (et en l’occurrence du sénateur écolo Panhoff ), près de 40 squatteurs déterminé-es sont monté-es sur les toits de l’école afin de ne pas rentrer dans la négociation avec le pouvoir. Le quartier de Kreuzberg est occupé par les forces de l’ordre, tandis que des agents de police venant de plusieurs régions d’Allemagne encerclent le squat avec l’aide de vigiles de boîte de sécurité privée. Un appel àla solidarité avec les réfugiés expulsés de l’école a été publié en anglais ici et en français sur contrainfo.

En réponse àla répression, des actions et manifs sont depuis organisés avec les réfugiés de l’école :

 Le soir même, àFriedrichshain et Kreuzberg, des bennes àordures sont incendiées, tandis qu’un immeuble récemment construit a eu une de ses vitres double-vitrage par le lancé d’un pavé : des poukaves qui traînaient dans le secteur ont immédiatement fait appel aux flics. Mais les vandales ont réussi àprendre la fuite avant leur arrivée.
 Dans la nuit du 24 au 25 juin, un immeuble de luxe récemment construit rue Samplon s’est fait fracasser ses vitres du rez-de-chaussée.
 Toujours durant la même nuit àPrenzlauerberg, les bureaux du parti des verts de la Raumerstraße se mangent des tags en solidarité avec les réfugiés sur sa façade. Les flics ont ouvert une enquête.
 Dans la journée du 25 juin, les bureaux du maire Herrmann (verts) de Kreuzberg ont été occupés par des personnes solidaires.
 Plus tard vers 22h30, une manifestation de solidarité s’est tenue dans Kreuzberg : outre des slogans et banderoles contre les frontières (« no border no nation stop deportation  »), des barricades sont érigées àtravers les rues et des vitres d’immeubles du processus de gentrification sont défoncées.
 Le 26 juin 2014 dans le quartier de Neuköln, une manifestation sauvage part de la Reuterplatz vers 22h00. 60 personnes y prennent part : des barricades fleurissent dans les rues, tandis qu’un immeuble du quartier d’affaires perd quelques vitres et des manifestant-es s’affrontent avec les keufs.
 Dans la nuit du 27 juin 2014, une attaque incendiaire vise le tribunal de Tempelhof-Kreuzberg en solidarité avec les occupant-es de l’école. Le communiqué dit entre autre « Des balles pour la maire Hermann, le sénateur Henkel, le conseiller municipal Panhoff – Liberté pour tous les prisonniers – Droit de rester pour tous !

 Tôt dans la nuit du 28 juin àBerlin, un véhicule de l’entreprise de sécurité Dussmann est incendié. L’attaque est réalisée en solidarité avec les réfugiés, contre les « mercenaires de l’agence Frontex  » (la revendication de l’attaque est lisible en allemand ici)

Samedi 28 juin 2014, 5000 personnes ont manifesté àBerlin contre l’expulsion de l’école occupée et en solidarité avec les sans-papiers qui restent àl’intérieur du bâtiment. Le cortège, parti de Herrmannplatz, est passé par Oranienplatz jusqu’àl’école de la rue Ohlauer. Les flics étaient toujours en masse dans la ville, avec des unités de flics venant de toute l’Allemagne (de Bavière, Thuringe, Rhénanie du Nord-Westphalie et du Brandebourg).

Solidarité avec les réfugiés

Dans la nuit du 28 au 29 juin àCologne, les locaux du parti des verts, situé en plein centre-ville Ebertplatz 23, s’est fait refaire sa façade àla peinture en réponse àl’expulsion des occupant-es de l’école Gerhart Hauptmann et àl’état de siège policier du quartier de Kreuzberg.
Dans la nuit du 29 au 30 juin 2014, des tags ont recouvert le bureau fédéral des verts dans le centre-ville de Bonn. On pouvait lire « les verts envoient les réfugiés àla mort  », « solidarité avec les occupant-es de l’école àBerlin  »â€¦

La confusion règne au sein du pouvoir local ces dernières heures : lundi 30 juin, le chef de la police berlinoise Klaus Kandt a lancé un ultimatum àla maire de Kreuzberg Monika Herrmann (verts) pour savoir si les flics expulsaient ou se retiraient avant midi mardi 1er juillet 2014 du quartier. Les embrouilles internes chez les verts sont multiples, mais aussi entre le sénateur àl’intérieur Henkel (CDU) et les verts. Le conseiller municipal Panhoff a clairement fait la demande d’expulser les occupant-es, ce qui a ramené d’office les flics en masse dans Kreuzberg – ce qui ne signifie pas qu’ils ont arrêté le siège de l’école – et laisser planer la menace d’expulsion. Les démocrates (parti de gauche « die Linke  », parti pirate et une partie des verts et des jeunes SPD), voulant acheter la paix sociale, ont lancé une pétition (« Tenir sa parole  ») pour résoudre le conflit sans la police, mais par le biais de négociations avec des psychologues et des forces civiles. Toujours est-il que le pouvoir ne souhaite pas immédiatement l’expulsion vue la mobilisation massive de ces derniers jours.

Du côté de la rue, on maintient la pression avec détermination : lycéen-nes et étudiant-es ont manifesté ce mardi 1er juillet pour le droit de rester des réfugiés. Durant une bonne partie de l’après-midi, il y a eu des affrontement sporadiques avec la police, accompagnés de slogans anti-police, avant que la manif se termine rue de Vienne àproximité de l’école G-H dans l’après-midi. Des sit-in pour empêcher une possible expulsion se sont également tenus àproximité de l’école.

Les bureaux politiques des verts (conseil municipal et mairie) ont été occupés par des solidaires. 20 personnes ont investi le conseil municipal dans l’après-midi : il y a eu trois arrestations et un-e occupant-e s’est fait casser le nez par les flics. Les autres ont été pris dans une nasse policière.

Des appels àaccentuer les actions de solidarité circulent en ce moment contre la menace d’une nouvelle expulsion. Les réfugiés qui sont présents dans le bâtiment rapportent qu’ils sont privés de vivres par les barrages des flics. Les réfugiés de l’école menacent de se suicider en cas d’expulsion.

D’autres infos àsuivre.

Sources : indymedia linksunten et plusieurs articles de leur presse

[Repris du ChatNoirEmeutier.]


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