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Bruxelles : quelques bribes de réflexion

A propos des perquisitions qui ont eu lieu mercredi 22 mai àBruxelles dans le cadre des accusations d’associations de malfaiteurs àvisée terroriste

mardi 28 mai 2013

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Pourquoi maintenant, pourquoi ces adresses-là, pourquoi ces personnes-làprécisément, peu importe. Inutile de se mettre dans leur sale tête de cochons et de spéculer àl’infini sur leurs raisons. Ils font leur sale boulot de fouineurs, ils veulent peut-être foutre la pression, mettre un coup de pied dans la fourmilière, ou pouvoir observer àloisir les mouvements des uns et des autres, noter, enregistrer, bref. Ces perquis’ n’ont peut-être pas comme seul but de tenter de rassembler des éléments pour faire avancer une quelconque enquête. Voulu ou pas par leurs commanditaires, cela entraîne un déplacement direct de nos attentions sur ce sujet-là. Si nous n’avons aucune prise sur leurs décisions et la temporalité dans laquelle ils inscrivent leurs coups de pression, nous en avons par contre sur l’impact que cela peut avoir sur nos vies.

Sà»r, ça vient remettre les pendules àl’heure. Une grande claque, au cas où on aurait pu se leurrer sur le fait que l’État veut être partout et n’oublie jamais rien. Il est nécessaire d’ouvrir, et de maintenir ouvert, un espace de discussion, collectif autant qu’en plus petits groupes affinitaires, afin de ne pas donner àleurs saloperies plus d’importance qu’elles ne devraient en avoir en réalité. Certes, il s’agit d’entourer les compagnons directement concernés par ces perquisitions, de s’assurer de leur santé, mentale et physique. Mais ce serait une erreur de considérer que cela ne concerne qu’eux.

Avec leur nouveau package “association de malfaiteurs†, quiconque fréquente, les mêmes lieux, les mêmes réseaux de personnes, est un potentiel suspect aux yeux de l’État. Ça peut faire froid dans le dos, et le premier réflexe peut être un réflexe de survie conduisant àmoins fréquenter ces lieux et ces personnes. Pour se mettre àdistance, pour se laver aux yeux d’une potentielle surveillance. Sauf que ces choix-làamènent àl’isolement, non seulement des personnes, mais aussi des luttes qu’elles portent. Au-delàdu fait que cela leur facilite le boulot, l’État a tout intérêt ànous focaliser sur la répression : pendant ce temps, nous voilàoccupés àautre chose qu’àlui nuire et àcomploter. La peur peut vite s’installer, autour de ces lieux mais surtout dans nos têtes et dans nos cÅ“urs. La parano se distille dans nos veines et dans le moindre de nos mouvements, et voilàqu’il n’y a même plus besoin d’un vrai flic pour nous empêcher d’agir : nous nous sommes menottés nous-mêmes.

Sans vouloir minimiser les faits, le meilleur pied de nez que l’on peut faire àla répression, c’est de garder notre sang-froid, les idées claires, de rester solidaires les uns des autres, et de poursuivre avec prudence mais passion les combats que nous menons.

“Une société qui anéantit toute aventure fait de l’anéantissement de cette société la seule aventure possible…â€

Avec une solidarité indéfectible