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Italie : Communiqué de Sergio sur l’interruption de sa grève de la faim

samedi 6 avril 2013

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Le 29 janvier 2013 j’ai décidé de commencer une grève de la faim après que le tribunal de Milan (auquel avait été transférée l’affaire dite “Operazione Ardire†) a décidé de me refuser la possibilité d’avoir des parloirs avec Katia, ma copine.

J’avais seulement réussi àla voir trois fois, pour un total de trois heures, pendant les huit mois qui ont suivi mon arrestation. Aujourd’hui, après les dernières démarches entreprises par mon avocat, les parloirs avec elle m’ont encore été refusés. Le 14 mars, c’est-à-dire au quarante-cinquième jour de grève de la faim, j’ai communiqué mon intention d’arrêter celle-ci. Ces derniers jours mon état de santé était préoccupant, le risque de séquelles permanentes ou même de coma glycémique semblait réel et j’ai donc préféré ne pas faire un tel cadeau àmon ennemi.

Ce que je tiens maintenant àconjurer est que quelqu’un puisse interpréter ça comme une défaite. J’ai toujours été convaincu, dehors comme dedans, que lorsqu’un individu décide d’agir, de lutter, d’attaquer, il a déjàobtenu la victoire qui, loin de toute optique quantitative ou obsédée par l’efficacité, est d’avoir entrepris son parcours individuel de libération. Je continue àcroire àl’action directe, aux choix auxquels je ne renoncerai jamais et rien n’a jamais été plus éloigné de moi que l’idée du martyr ou de la reddition. Lutter me remplit de joie et me rappelle où se trouve mon cÅ“ur qui bat àla folie dans l’action. C’est pour ça que je tiens àremercier les très rares compagnons qui de dehors sont restés àmes côtés sans pleurnicheries ; les frères et les sÅ“urs dans le monde qui m’ont comblé et m’ont donné la force àtravers les flammes et la solidarité révolutionnaire qu’ils m’ont offert avec leurs attaques ; mes « complices Â » prisonniers de guerre dans la section AS2 d’ Alessandria, Ferrara et dans d’autres parties du monde, vous avez été àmes côtés, vos mots n’ont jamais paru vides et, coude àcoude avec vous, je n’aurais jamais pu tomber.

Je voudrais pouvoir remercier beaucoup plus de compagnons, mais pour le reste ma lutte a été solitaire, ignorée et peut-être volontairement cachée. Je sais bien que je suis dérangeant comme objet de solidarité et ça ne m’étonne pas. Mais la critique doit servir àaller de l’avant, àréaffuter de vieilles armes désormais émoussées ou àen forger de nouvelles, donc ça me fait au moins plaisir de savoir que beaucoup de compagnons se sont soumis ces derniers temps àune autocritique sur l’inexistence de la solidarité avec les prisonniers révolutionnaires et j’espère que de ces réflexions naissent de nouvelles propositions. De mon côté je ne trouve pas de meilleur moyen pour réaffirmer ma volonté de ne pas m’arrêter de lutter, que de saisir le bon moment pour annoncer la volonté de relancer le projet d’une nouvelle Croix Noire Anarchiste. Cela fait des mois que quelques-uns d’entre nous se confrontent sur la nécessité d’un instrument de solidarité avec la caractéristique qu’ànotre avis il faut redécouvrir, relancer et vivre : la solidarité doit être révolutionnaire.

Pour le reste, rescapé de la quatrième grève de la faim, je continue simplement àcroire que se rebeller est juste.

« Les paroles ne peuvent nous sauver.
Les paroles ne peuvent briser les chaînes.
Seule l’action nous rend libres.
Détruisons ce qui nous détruit. Â »

Sergio Maria Stefani
c.c. via Arginone 327
44122 Ferrara

Traduit de l’italien de Informa-azione.