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Décembre noir : un compagnon tué lors d’une expropriation àSantiago

samedi 14 décembre 2013

1-Lorsque les jeunes prolétaires des poblaciones de la périphérie métropolitaine baissent la tête et se résignent àêtre de la main d’œuvre pas chère, ça n’attire pas l’attention du Pouvoir. On les contrôle avec la normativité du travail (lorsque le travail est plus ou moins formel), et/ou on les voit comme objet de certaines politiques sociales qui mélangent le contrôle avec l’aumône.

Lorsqu’ils s’adonnent àla délinquance économique sans valeur pour subsister, et deviennent pickpocket, ou micro-traficants ou n’importe laquelle de ces variétés de la dite “délinquance commune†, on répond par la police, le Code Pénal et la prison.

Lorsque des jeunes qui viennent de ces même secteurs, structurellement marginalisés par le capitalisme de notre temps, acquièrent une certaine conscience de classe, lorsqu’ils se rebellent contre l’exploitation avec des armes àla main, ils seront toujours taxés de “terroristes†. Eux ! Lorsqu’ils n’ont rien fait d’autre que réagir avec la plus grande dignité humaine possible face aux conditions historiquement accumulées de violence de classe administrée depuis en haut par les vrais terroristes.

Mais parmi toutes les images qui obsèdent les bourgeois et leur fidèles sujets, il y a la figure du jeune anarchiste et/ou subversif qui ose entrer les armes àla main dans le temple de l’argent, sur le territoire où l’humanité donne son tribut au Dieu Argent, pour exproprier les expropriateurs, fuyant ainsi de l’obligation du travail salarié. La meute de citoyens en devient aphone àforce de crier : « Délinquants ! Antisociaux ! Tuez-les tous ! Qu’ils pourrissent en prison !  »

Bien sà»r, lorsque l’un des principaux délinquants antisociaux du pays, le président actuel, Piraña, volait des banques il avait la possibilité de par son appartenance sociale de les voler de l’intérieur (vous vous souvenez de la Banque de Talca ? [1])

Lorsque ses délinquants àgages recrutés dans la police, l’armée et les entreprises privées de sécurité (grosse source de profit menée par plusieurs ex-agents de sécurité de l’État), tuent par balles de jeunes prolétaires il n’y a pour eux aucune violence, mais un acte de justice et du professionnalisme.

Ainsi les choses sont plus que claires, et ceux qui proclament que nous nous trouvons au milieu d’une guerre sociale implacable et ouverte ne se trompent pas le moins du monde.

2- Les journalistes-policiers, dans une alliance si profonde qu’ils ont fait entre emol/La tercera/etc et l’ANI (Agence Nationale d’Intelligence) et la DIPOLCAR (Direction d’Intelligence de Carabiniers du Chili), sont dans une campagne ouverte pour confirmer toutes les thèses qui avaient été rejetées sur leur propre terrain (légal/judiciaire) àl’occasion du dit “Caso Bombas†.

À partir de maintenant, chaque fois que la répression tombera sur des compagnon-ne-s, on dira “qu’il y avait eu des recherches sur eux dans le cadre du Caso Bombas†(ce qui n’est pas très difficile étant donné la quantité et variété de personnes et milieux àavoir été sous le coup d’enquêtes dans le cadre de ces années d’activité du procureur et de la police) et/ou qu’ils “ont des liens avec des groupes anti-système†(comme s’il n’y avait pas de même des “liens†politiques et sociaux entre patrons, oppresseurs, journalistes et membres de la classe politique).

C’est une époque violente, qui ne se terminera pas en se prenant la main dans un rassemblement pacifique, mais en appliquant plus de violence et mieux axée contre l’ennemi làoù ça fait le plus mal. Comme l’a dit quelqu’un il y a un demi-siècle : nous devons illuminer le secteur qui doit être détruit. Et cette destruction doit pointer précisément le cÅ“ur de l’exploitation et de la domination sous toutes ses formes.

3- Je ne te connaissais pas beaucoup, Sebastián. Mais suffisamment pour que ta mort laisse en moi une sensation amère et triste, qui m’amène àme souvenir des différents moments où j’ai pu te voir vivre et lutter : mégaphone àla bouche. Instruments dans les mains. Rythme et mots découlant pour renforcer notre position dans le conflit contre le Vieux Monde. Avec un cÅ“ur sensible et fort dont j’entends encore les battements àce moment précis.

C’est un mercenaire qui t’a tué, un pion payé pour ça, qui àl’évidence est montré en héros par les journalistes/policiers qui s’appliquent àapprofondir l’abrutissement massif sans lequel cette civilisation de merde ne fonctionnerait pas une minute de plus. Des déclassés comme celui-ci, qui tuent et meurent pour défendre le sale symbole que ce monde absurde nous oblige àavoir besoin y compris pour pouvoir nous déplacer dans la ville et respirer, l’argent. Ce ne sont que des morceaux de merde humaine flottant dans la mer de la domination étatique et capitaliste.

Ils seront balayés avec tout ce qu’ils défendent, et ce n’est qu’àce moment làque l’on pourra dire : nous avons vengé notre frère, et tous nos prédécesseurs qui ont donné leur vie dans la lutte pour la libération totale !

Compañero Sebastián Oversluij presente !

[Traduit de l’espagnol de hommodolars, 12 de diciembre de 2013 par Camotazo.]



[1En 1982 Piñera a trempé dans une affaire de fraude de la Banque Talca.