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Déclaration du Réseau de Prisonniers en Lutte pour la continuation de la grève de la faim

mercredi 25 mars 2015

Une première conquête de la grève de la faim des prisonniers politiques [sic] s’esquisse dans la proposition du projet de loi du ministère de la justice. L’abolition du cadre législatif qui définit le fonctionnement des prisons de type C et les avantages au bénéfice des détenus malades et handicapés, qui conduisent àla remise en liberté du résistant polytraumatisé de l’organisation révolutionnaire 17 novembre Savvas Xiros, n’auraient pas été atteints (ou du moins pas aussi rapidement) sans la lutte qui se déroule. Il reste cependant beaucoup àfaire.

Nous ne prêtons foi àaucune déclaration du gouvernement et àaucune promesse venant de fonctionnaires. Tout mécanisme de pouvoir qui fait face àune grève de la faim d’ennemis déclarés se livrera àune guerre d’usure qui comprendra des promesses, des délais repoussés, des déclarations vagues et tout ce qu’il peut faire pour nous fatiguer physiquement et psychologiquement. Tout particulièrement Syriza, qui tout au long de son existence politique en tant qu’opposition majeure ou mineure a enlevé tout leur sens et a dépolitisé les grèves de la faim de prisonniers anarchistes, et a une grande expérience dans la gestion systémique de telles situations.

Maintenant, en tant que gouvernement, il décline ses responsabilités en renvoyant la satisfaction de nos demandes au futur (indéterminé).

De notre côté, nous continuons la grève de la faim sans penser ày mettre fin et jusqu’àla satisfaction de nos demandes, en particulier :

L’abolition des articles 187 et 187a ou autrement de la première et deuxième lois antiterroristes. Ces articles de loi constituent le cÅ“ur de l’état d’exemption que nous vivons sur le plan pénal en tant qu’ennemis politiques de l’Etat. Cet état d’exemption ne se limite pas aux prisonniers politiques [sic] mais s’étend àenviron 30 % des détenus et inclut selon les circonstances : des salles d’audience spéciales, des tirages au sort spéciaux pour les juges et les procureurs, des transferts spéciaux, le morcellement des affaires, la pénalisation des idées et de la solidarité et surtout l’augmentation excessive des peines. Nous voyons le renversement des idées introduites par ces articles comme l’enjeu principal de notre lutte.

L’abolition de la circonstance aggravante pour acte commis avec le visage dissimulé ou « Â loi anti-cagoule  ». Loi qui fut votée après la révolte de décembre 2008 et appliquée de manière répétitive contre des manifestants arrêtés lors d’affrontements, requalifiant le dossier àun niveau criminel. En outre, différentes pratiques (braquages, enlèvements, etc.) s’aggravent pénalement, indépendamment de leurs caractéristiques propres (armes, usage de la violence, etc.), de par l’existence de la loi anti-cagoule.

La limitation du cadre législatif concernant la manière de collecter, traiter et analyser l’ADN. L’évincement par la sphère publique du caractère critique de cette demande est tout sauf un hasard. L’utilisation légale de l’ADN constitue aujourd’hui la quintessence de l’assaut répressif dans le champ de l’obtention de preuves. L’extension de son usage est organiquement liée àl’extension de l’utilisation des articles 187 et 187a.

La persévérance de la police àcréer des bases de données biologiques conduit àla prise obligatoire d’ADN qui finit inévitablement par torturer le détenu s’il résiste, sa conscience et sa dignité l’exigeant.

La poursuite judiciaire par l’analyse et le traitement de l’ADN se fait de manière complètement irrationnelle puisque la méthode utilisée pour l’identification a été inventée pour fonctionner selon la présomption d’innocence et non comme preuve irréfutable de culpabilité. Et cela, parce que contrairement aux incompréhensions, on ne compare pas le code génétique unique àchaque individu mais le type génétique (c’est-à-dire mesurer la longueur de quelques parties de l’ADN) correspondant possiblement àplusieurs individus. Si le type génétique ne peut donc être identifié, on peut dire avec une relative certitude que la preuve ADN ne provient pas d’une personne en particulier, mais si le type génétique s’identifie, on peut seulement supposer de qui provient la preuve.

Et la déjàdéformée poursuite judiciaire par le biais d’identification de type génétique s’élargit àl’analyse de mélanges d’ADN de plus de deux individus où les types génétiques impliqués ne peuvent être séparés, donnant ainsi beaucoup de connexions de types génétiques possibles. Ainsi, un mélange ADN peut comprendre un grand nombre de types génétiques, faisant en substance de quiconque un coupable en puissance.

En ajoutant àcela le facteur de contamination par les flics le collectant, le fonctionnement opaque des laboratoires de police scientifique, l’identité de l’inculpé connue d’avance par les flics biologistes, l’absence de protocole, etc., le pourquoi de l’analyse ADN qui constitue la super-arme de la répression scientifique contemporaine devient clair. Selon cette méthode, l’inculpé devient coupable par tous les moyens. En plus de priver des experts ayant la confiance du dernier d’accéder au mélange [d’ADN]. Au final, le caractère incertain de l’analyse-preuve par les laboratoire de police scientifique est validé par le flou pénal des lois anti-terroristes.

La grève de la faim que nous menons ne vise pas l’allégement du cadre législatif. Ce qu’elle cherche est de mettre le mouvement révolutionnaire en position d’attaque en renversant l’offensive que conduit la domination. Avec l’arme de la grève de la faim, nous cherchons àforger des liens avec les compagnons en-dehors les murs, àrenforcer notre discours public, la recrudescence des attaques contre des cibles étatiques et capitalistes par tous les moyens.

L’heure est venue de renforcer encore plus notre position dans la guerre que nous menons.
Jusqu’àla fin, jusqu’àla victoire...
NOTRE ARME, LA SOLIDARITÉ

Réseau de Prisonniers en Lutte (DAK)

Les grévistes de la faim :
Antonis Staboulos
Tasos Theofilou
Fivos Charisis
Argyris Dalios
Giorgos Karagiannidis
Grigoris Sarafoudis
Andreas-Dimitris Bourzoukos
Dimitris Politis

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[Traduit du grec par nos soins de apergia-peinas.]