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Grèce : Texte de Nikos Romanos sur la grève de la faim en cours dans les prisons grecques

jeudi 26 mars 2015

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Le 2 mars, des prisonniers anarchistes/politiques [sic] ont commencé une grève de la faim avec des revendications ciblant le cadre répressif de la croisade antiterroriste qui se déroule sans problème malgré la gouvernance de gauche des vendeurs d’espoir.
Les compagnons anarchistes qui participent au DAK [Réseau de Prisonniers en Lutte, NdT] et les compagnons Maziotis, Koufoudinas et Gournas ont posé dans les grandes lignes un cadre de bataille qui retrace aussi l’évolution de la répression ces dernières années. C’est pour cela que chacune de leurs revendications déconstruit l’état d’urgence et son expression la plus basique, qui n’est rien d’autre que la répression.

Après l’élection de Syriza, de nombreux compagnons, dont moi, ont pensé qu’il y avait besoin de provocations dans une optique anarchiste, afin de contraindre Syriza àdévoiler son véritable visage. Le visage du capitalisme, le visage du gestionnaire des pouvoirs contemporains, le visage du serviteur du capital. En outre, dans le bal masqué avec des invités de toutes les périodes historiques, les spectateurs sont obligés de découvrir que derrière tous les masques se cache le visage de l’autorité, qui ni ne s’améliore, ni ne se réforme, mais uniquement se détruit par une lutte incessante et par tous les moyens. Et cela, que l’entendent tous ces anarchistes qui se sont traînés jusqu’aux urnes pour donner leur voix àSyriza. Seulement, et comme cela s’est illustré, Syriza a fait un bond rapide de la partie institutionnelle des luttes sociales et de sa rhétorique pré-électorale digeste au réalisme gouvernemental, tel que nous le savons tous. Car la tempête internationalisée de la répression qui balaye tout sur son passage est implicitement liée àla crise structurelle du capitalisme et àsa restructuration àtous les niveaux de la vie sociale.

L’échec et mat de la domination contre les vassaux continue. Puisqu’elle a d’abord acquis leurs consciences en leur donnant des cartes de membres du paradis capitaliste par le biais de prêts bancaires, elle essaye aujourd’hui d’assurer leur foi en l’idée que la démocratie n’a pas d’impasses. Naturellement, le chemin vers l’enfer a toujours été pavé de bonnes intentions. Et ce n’est ni la première fois ni la dernière que la gauche prend une importance essentielle quant aux directions stratégiques de la domination mondiale.

La dernière pièce apportée au puzzle répressif est donc l’arrestation de la compagnonne Aggeliki et le pogrom de l’antiterrorisme contre les proches et amis de la Conspiration des Cellules de Feu.

Tous ceux qui ont passé une partie de leur vie derrière les murs peuvent facilement imaginer l’ampleur de la violence émotionnelle qu’est de voir derrière les barreaux de la prison des proches aimés qui se tenaient àleurs côtés dans le quotidien fait de répétitions monotones du captif.

Un cauchemar réel avec pour instigateurs l’antiterrorisme et les juges d’instruction spéciaux. Si ces derniers sont invités àen payer le prix personnel, les bénéficiaires du coà»t politique seront leurs supérieurs politiques. Et pour sauver les apparences, qu’ils aient le poing levé quand l’heure sera venue.

Ainsi, la grève de la faim des membres emprisonnés de la CCF et son résultat victorieux aura pour conséquence de stopper les poursuites vengeresses contre des proches de révolutionnaires. Selon la même logique, la victoire des compagnons du DAK et de Maziotis, Koufoudinas et Gournas mettra un sérieux frein àl’attaque de la domination contre ses opposants politiques.

Dans ce décor donc, l’importance de la lutte des révolutionnaires prisonniers et du mouvement de solidarité est centrale. L’opportunité d’ouvrir des brèches dans les murs, non seulement des prisons, mais de l’autorité même (et de son image) s’offre ànous. Nous comprenons les conditions, coordonnons notre action, unissons nos regards et notre passion, contre toute autorité, qu’importe son origine et sa rhétorique.

Parce que quiconque aime la liberté et hait l’injustice cherchera toujours des manières de détruire les prisons.
Pas de trêve àla civilisation de l’exploitation.
Victoire pour la lutte des grévistes de la faim.
Satisfaction immédiate de toutes les revendications.

Nikos Romanos
Aile E de la prison de Korydallos
15 mars 2015

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[Traduit du grec par nos soins de Indymedia Athènes.]