Italie : quelques notes sur l’audience préliminaire de l’Opération Ardire

Au-delàde l’évident soupir de soulagement de toutes et tous àl’idée d’avoir évité de longues années de procès avec tout ce que cela aurait comporté, il reste aujourd’hui – après les festivités de la soirée – beaucoup d’amertume, de rage, et un profond sentiment de frustration en voyant comment les vies des gens peuvent être bouleversées, manipulées, enfermées, gaspillées par la mesquinerie de ceux qui vivent sur le dos des autres sans jamais payer, sans jamais devoir se retrouver face àla responsabilité de leurs actions.

« Â Madame  » la procureur a dit hier qu’elle-même ne se sentait pas de faire dépenser l’argent des contribuables pour monter tout un autre « Â cirque  » (ce sont ses mots) que d’autres juges – malgré ces efforts – auraient fait tomber.

Cirque. Un cirque qui a coà»té un an de vie pour certaines, et même plus pour d’autres. Oui, un vrai cirque, un théâtre du grotesque, de la misère, de la mesquinerie, du côté le plus déloyal, méchant, sale, médiocre, bas d’une femme qui s’est prêtée àtoutes les demandes, désirs, caprices de ses « Â Ros  » [1] – les vrais marionnettistes de toute l’affaire – souvent sans avoir la moindre idée de ce qu’elle était en train de faire.

Il est difficile de sourire aujourd’hui. Très difficile de chasser la désagréable sensation qu’àtout moment ils peuvent faire de ta vie ce qu’ils pensent le plus opportun pour leurs programmes politiques, pour leur gestion de l’ordre, pour leurs carrières, pour diriger l’attention des têtes, peu lourdes, de la majorité.
Pour cela, ils t’appellent terroriste.
Ils t’enferment comme un pire ennemi et un danger pour la société.
Ils t’imputent un rôle et une façon d’agir qui a toujours été en réalité celle de ceux qui ont le pouvoir des armes, de la police, des armées, du vote, du gouvernement, de la presse et de la magistrature entre leurs mains.
De ceux qui ont le Pouvoir de disposer des vies des gens, de décider qu’on ne doit plus vivre sur une certaine terre comme cela s’est toujours fait, mais que l’on doit y faire passer un monstre de rails et de grande vitesse.

De ceux qui ont le pouvoir de déformer le sens des mots et le sens de la justice (la vraie, celle qui crée la différence entre ce qui est juste et ce qui est injuste, pas celle écrite dans les codes), ce pouvoir qui, avec ses mille mains, de l’une dévaste, d’une autre punit et enferme, et d’une autre encore diffame et fausse le sens de la réalité. Ce pouvoir qui permet de donner plus de valeur àune vitrine fracassée qu’àla vie d’un homme, qui protège ceux qui assassinent les personnes enfermées en prison, qui espionne les vies jusque dans les culottes, qui change, bouleverse, déchire impunément les vies des gens, qui n’admet aucune réplique, aucune opposition dans la guerre constante contre ceux qui sont sous contrôle.

Ainsi aujourd’hui les derniers terroristes en date sont la compagnonne et les compagnons arrêtés àTurin. Aujourd’hui l’étiquette est pour eux. Gênants, désagréables, ingérables, têtus comme tous ceux qui s’obstinent àne pas céder au TAV et qui mettent tous les moyens qu’ils trouvent nécessaires dans la lutte, dans la défense de leur terre et de leurs vies.

Aujourd’hui certains ont échappé, parce qu’il en a été décidé ainsi, au mot terroriste. D’autres l’ont sur le dos. A ceux-là, toute la solidarité et la proximité.
Par rapport aux évènements de Pérouse, dans l’espoir qu’ils sont clos une fois pour toutes et que les délires des ROS et procureurs sont finis, il ne peut que tomber dessus un voile, en espérant qu’il couvre l’odeur de pourriture qu’ils dégagent encore et dégageront encore pour beaucoup.

[Traduit de l’italien par nos soins de Informa-azione.]