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Lettre ouverte àceux qui pensent que participer àla Marche-de-la-dignité-contre-le-racisme-avec-le-soutien-d’Angela-Davis n’est pas un problème

samedi 18 mars 2017

Vous avez peut être prévu d’aller marcher avec dignité contre le racisme le 31 octobre prochain en répondant àl’appel porté par Amal Bentoussi. Vous n’avez peut être pas prêté particulièrement attention au fait que cette initiative a été lancée par le Parti des Indigènes de la République ou vous avez renoncé àprendre en compte ce que cela signifie. L’appel lui-même se donne d’ailleurs l’air assez normal et évite les formules choc dont le P.I.R. s’est pourtant fait une spécialité. On pourra tout de même y relever l’énumération significative des « Noirs, Arabes, Rroms et Blancs des quartiers  » (fausses évidences et vraies assignations identitaires, dont la dernière est une nouvelle née des sept familles de la racialisation) et tant pis pour les prolétaires, « des quartiers  » ou pas, qui ne rentrent pas dans ces catégories, les débordent ou tout simplement les refusent. L’appel du meeting de préparation àSaint Denis nous replace clairement sur les terres du P.I.R., qui ne laissent comme terrible horizon que la religion et la race, puisqu’on y dénonce les « discriminations systémiques  », avec la mise en avant de 3 catégories prioritairement discriminées : les « musulmans  », les « Noirs  », les « Rroms  ».

On ne marchera donc pas ce jour làpour la « dignité  » de tout un chacun.

De l’habituel racisme au singulier contre lequel on propose de marcher dans le titre, on passe, àla fin du texte d’appel, aux racismes au pluriel, déclinés ainsi : « l’islamophobie, la négrophobie, la rromophobie galopantes  », il ne manque que l’évocation du « philosémitisme d’état  » pour retrouver àl’identique les déclarations plus que contestables de la porte parole du P.I.R., àOslo par exemple. D’ailleurs, dans la présentation des signatures de l’appel on sépare et on hiérarchise les « femmes racisées  », puis les stars et « personnalités  », puis les « associations de racisées  », enfin les « soutiens  » qui sont les personnalités et groupes non racisés ou qui ne sont pas cités àce titre.

On marchera donc ce jour-làpour la promotion d’un anti-racisme repeint aux couleurs de la race.

Effectivement, cette marche n’est pas une promenade de santé, c’est une étape dans l’avancée d’un projet politique en cours.

• Il s’agit pour les initiateurs de se poser en médiateurs universels détenant le monopole des réalités des banlieues et des quartiers populaires, mais aussi de la question des migrants, pour polariser la conflictualité qui peut y prendre place àtravers un filtre racial et judiciariste.

• Il s’agit aussi d’une tentative de récupération àla portée bien plus large que celle que SOS Racisme a opéré dans les années 80, et s’en inspirant sans doute : on s’approprie ici ouvertement la marche de 83 bien sà»r, mais aussi les émeutes de 2005, et au-delà, l’ensemble de l’héritage des luttes immigrées, que ce soit sur les questions des papiers, du travail, du logement, ou sur d’autres terrains, qui court sur plusieurs décennies.

• Il s’agit donc de la construction d’enjeux politique autour de la question raciale avec l’approbation de la présence de personnalités plus qu’infréquentables, officiellement signataires de l’appel : par exemple Tariq Ramadan, ambassadeur des frères musulmans (dont le Hamas est une des branches), Médine, connu pour ses quenelles de soutien àDieudonné et sa proximité avec le commercial raté antisémite du suprémacisme noir Kémi Séba, Ismahane Chouder de Participation et Spiritualité Musulmanes, groupe qui a appelé àla « Manif pour tous  » et qui a partie liée avec l’assassinat de militants d’extrême gauche au Maroc dans les années 90, et bien sà»r Saïd Bouamama, collaborateur régulier du pro-négationniste Michel Collon, et Houria Bouteldja, porte parole du P.I.R., coutumière des plateaux télé, de l’éloge de la famille, de l’ordre et de l’obéissance aux structures communautaires et àla religion, ainsi que des invectives antisémites, contre le métissage, homophobes et sexistes.

On ne marchera donc pas ce jour làseulement avec la dignité, mais aussi avec ses nouveaux amis. Dieudonnistes, panislamistes, protofascistes religieux : la dignité a de bien mauvaises fréquentations en ce moment, sans même parler de ceux qu’elle ne présente pas le premier soir.

Nous sommes de plus en plus nombreux aujourd’hui d’horizons relativement variés, révolutionnaires, anarchistes, communistes anti-autoritaires, militants, entre autres, des luttes de l’immigration, épris sans doute davantage d’émancipation que de dignité et de justice, às’opposer àla récupération en cours et àrefuser la proposition politique portée par cette initiative.

Le 31 octobre, même du pied gauche, ne marchons pas dans cette combine !

[/Octobre 2015,
A la croisée des chemins...

crossroads_AT_riseup.net/]

[Reçu par mail.]


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