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Paris : Second procès de l’affaire « Machine àexpulser  »

mardi 16 janvier 2018

Mercredi 31 janvier 2018 à13h30, sept camarades et compagnon.ne.s passeront en procès àParis àla 16e chambre du tribunal correctionnel. Deux sont accusé.e.s d’avoir « volontairement dégradé ou détérioré des locaux professionnels de la société Air France  », un autre est accusé d’avoir « volontairement dégradé ou détérioré des locaux professionnels de la SNCF et de Bouygues Télécom  », et tous sont accusés du refus de livrer leur ADN et leur signalétique (dont quatre uniquement de cela).

Ces petites visites inamicales d’une trentaine d’inconnus dans les locaux d’Air France àBastille puis dans ceux de la SNCF àJourdain se sont produites en plein jour le 17 mars 2010, quelques heures après la condamnation de dix sans-papiers àdes années de prison ferme pour l’incendie du centre de rétention de Vincennes. Elles s’inscrivent plus largement dans le cadre de la lutte contre la machine àtrier, enfermer et expulser les indésirables, ponctuée ces années-làde vagues de sabotages contre une partie de ses nombreux rouages. Un peu moins de huit années après des faits gérés par la section anti-terroriste du 36 quai des Orfèvres, l’Etat n’oublie rien, et ça tombe bien, car nous non plus !

La SNCF est toujours un auxiliaire zélé du ministère de l’Intérieur àVintimille comme ailleurs, Bouygues s’enrichit toujours sur l’enfermement et la mise en cage, Air France continue sa collaboration aux déportations forcées parfois assassines (dernier mort en date, un expulsé algérien de 34 ans sur le vol Air France Copenhague-Paris le 22 novembre dernier), les indésirables « sans-papiers » ou « réfugiés » sont toujours traqués, tabassés, humiliés et expulsés quotidiennement sous nos yeux dans les rues de Paris comme de Calais, et la Méditerranée se remplit toujours de milliers de cadavres qui avaient le tort d’être dépourvus d’un petit bout de papier.
En outre, l’Etat se prépare désormais àexpulser en masse beaucoup de celles et ceux qui àforce de courage et de détermination sont parvenu.e.s ces dernières années àpasser entre les mailles du filet. Le projet de loi sur l’immigration examiné àpartir d’avril prévoit ainsi le doublement de la durée de rétention jusqu’à105 jours (en cas de refus d’expulsion) grâce àla construction de 400 places supplémentaires dans les prisons pour étrangers sans-papiers (les CRA) ou jusqu’à24h de « retenue administrative » en cas de contrôle d’identité dans la rue ou les transports pour les détenteurs de carte de séjour. Dès le 12 décembre, la circulaire Collomb avait d’ailleurs donné le ton avec la création d’une brigade mobile spécialisée dans le tri des réfugiés àl’intérieur des structures d’hébergement, ou encore en augmentant la fréquence de vols spéciaux privés et de charters pour suppléer Air France.

Car au-delàdes sept nouveaux individus que l’Etat a choisi de renvoyer laborieusement en procès après des années d’instruction (trois autres ont déjàété condamnés en juin 2017 à4 mois avec sursis pour des « dégradations en réunion » dans un autre volet de ces enquêtes), c’est bien toute une lutte qui sera jugée : celle contre la machine àexpulser qui, de 2006 à2011, a touché des centaines d’objectifs de manière variée, par le feu ou le marteau, le sabotage àl’acide ou àla colle, sans compter les balades sauvages, les manifestations et les discussions publiques, les collages d’affiches ou la diffusion de tracts et autres propositions adressées àla rue. Une lutte sans sujet ni centre politique, qui propose àchacun l’auto-organisation sans médiation et l’action directe diffuse àpartir d’un angle particulier, une lutte au nom de la « liberté pour tous et toutes, avec ou sans papiers  ».

C’est donc aussi cette manière de lutter et de s’auto-organiser de façon autonome au sein de la guerre sociale qui sera jugée, une manière sans partis ni syndicats où on se met en jeu àla première personne pour agir directement contre tout ce qui nous opprime, des frontières àl’enfermement, du contrôle social aux guerres technologiques, de l’exploitation àtoutes les dominations, une manière qui est aujourd’hui plus que jamais d’actualité pour en finir avec le vieux monde de l’autorité.

[/ Des ennemis de toutes les frontières /]


Discussion publique
lundi 22 janvier 2018 - 19h
CICP - 21ter rue Voltaire - 75011 Paris

[Repris d’Indymedia Nantes.]