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Que reste-t-il à mordre de la main qui nourrit ?
samedi 15 août 2009
Si nous avons décidé de nous pencher ici sur l’affaire « du 11 Novembre  », « de Tarnac  », ou encore des « Neuf de Tarnac  », c’est que nous avons ressenti le besoin de prendre le temps de l’analyse, quelques mois après les tempêtes médiatiques, politiques et policières qui ont secoué de façon complémentaire l’alter-mondialisme et la gauche - tout deux en dépôt de bilan.
Une analyse qui, selon nous, a fait défaut en de nombreuses occasions lorsqu’elle n’a pas été entièrement sacrifiée sur l’autel de la tactique et de ses nombreuses conséquences : le chantage affectif et la solidarité de dette, l’individualisation et le spectacularisme médiatique, l’innocentisme et la revendication de la normalité, la mise au pas de toute perspective de rupture avec le monde qui produit notre propre répression, les alliances multiples et nauséabondes, le renforcement du parlementarisme et la recomposition de la gauche.
Tout autant de moyens qui déterminent une fin qui n’est pas la notre ; et ce malgré la communauté (communauté de l’ordre de la coïncidence) que nous pouvons éprouver à l’égard de certains principes (l’attaque diffuse peu importe le contexte et les critères quantitatifs) et de certaines pratiques (le sabotage, le blocage des flux de marchandises).
Parce que nous ne sommes pas solidaires avec des modes de vie alternatifs, avec des victimes et encore moins avec des familles de victimes.
Parce que nous ne nous battons pas contre un état d’exception mais contre l’Etat, sans exceptions.
Nous ne sommes solidaires que de l’acte et du fait net qu’il s’inscrit dans la guerre sociale en cours depuis toujours ; dans sa conflictualité diffuse et permanente.
Notre solidarité va à la destruction et aux perspectives que fait émerger cette destruction, lorsque l’attaque montre qu’il est possible d’attaquer.
Il n’y a rien de plus normal à ce que l’Etat s’attaque à ceux qui prétendent vouloir le détruire, à la guerre comme à la guerre.
A partir de là , à quoi bon pleurer auprès de l’Etat sur le sort de ceux qui tombent entre ses griffes ? Que reste-t-il à mordre de la main qui nourrit ?
La solidarité ce n’est pas l’imploration, c’est l’attaque.
Quel meilleur moyen pour exprimer sa solidarité avec des ennemis de l’État que d’attaquer l’Etat, de continuer dehors ce pourquoi ils ont été mis dedans, il y a là une évidence que l’on n’a pas cessé de trainer dans la boue depuis le 11 Novembre 2008.
A coup de grandes kermesses militantes droit-de-l’hommistes et d’activisme bon teint.
A trop jouer le rôle imposé de la frange casseur de la gauche alter-mondialiste et citoyenniste, on finit par devenir un citoyen.
« Notre tâche est de ruiner la gauche mondiale partout où elle se manifeste, de saboter méthodiquement, c’est-à -dire tant dans la théorie que dans la pratique, chacun de ses possibles moments de constitution.  »
Appel.
A l’heure où l’Etat français semble vouloir accélérer le sempiternel processus de répression des mouvements subversifs (auto-déclarés ou non), des choix doivent se poser distinctement, de façon collective et individuelle, à l’intérieur comme à l’extérieur.
L’heure est plus que jamais au choix entre la conflictualité permanente de perspective anti-autoritaire, et le compromis de complaisance avec la gauche de l’Etat, et donc avec l’Etat.
Renforcer l’ordre et vouloir le désordre, nous laissons cela aux fins tacticiens, aux politiciens et au militarisme stratégique qui gangrène les sincérités révoltées.
Nous préférons encore être traités d’intégristes plutôt que de laisser croire à la gauche et à tout ce qui se trouve de ce coté-là de la barricade qu’une forme de consensus est imaginable entre eux et nous.
Pas de soutien, Pas de dette - Que de la solidarité.
La solidarité c’est l’attaque.
Extrait de Non Fides N°4.