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RadioAzione (Croatie) : sur la visite des services secrets croates
mardi 27 janvier 2015
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Pula – Croatie
Le matin du 23 janvier 2015, les agents des services secrets croates – SOA – se pointent et disent qu’ils veulent parler avec moi à propos de mon site, RadioAzione Croatie, et avec mon mari, un compagnon anarchiste de nationalité italienne, à propos du fait qu’il gère et héberge d’autres sites internet anarchistes (entre autres RadioAzione), en le menaçant de l’expulser du pays.
Leur discours commence avec des menaces à propos de mes relations personnelles, présentes et futures, vu qu’ils pensent qu’elles ne sont et ne seront jamais qu’avec des anarchistes, non croates bien sà »r, et ils me disent que la Croatie n’a pas l’intention de devenir un repaire pour les gens qui sont un problème avec leur pays d’origine.
Ici, ils font évidemment référence à ma relation avec le compagnon de RadioAzione Italia.
Les menaces, bien sà »r, ne se limitent pas seulement à mes relations avec des compagnons anarchistes, car les flics me préviennent aussi que tout étranger qui viendra me rendre visite ici en Croatie, qu’il soit anarchiste ou pas, sera vu comme suspect. Puis il se perdent dans les menaces habituelles sur mes parents, ma situation de chômage, des possibles perquisitions, des arrestations, etc.
Leur volonté de m’effrayer en menaçant de m’isoler ici en Croatie, loin de mes « amis italiens et grecs  » (une expression qu’ils ont utilisée à plusieurs reprises) est claire. Car eux aussi sont conscients que je ne pourrai attendre aucun soutien, aucune activité ou autre de la part du mouvement local.
Ils me disent aussi qu’ils connaissent d’autres anarchistes en Croatie, mais que ces derniers, contrairement à moi, ne sont pas un problème, que je suis un cas unique et singulier dans ces territoires (ils laissent comprendre que mes idées importent peu pour les autres anarchistes croates). Et qu’ils savent aussi que c’était moi qui ai introduit sur ces territoires, il y a quelques années, les théories insurrectionnalistes en traduisant des textes de Alfredo M. Bonnano. Un point sur lequel ils ont pas mal insisté.
Il faut savoir que ces textes sont publiés dans la section serbo-croate du site internet The Anarchist Library, « AnarhistiÄ ka Biblioteka  », et ont été diffusés par le passé sous forme de brochures.
Ils se sont montrés très curieux sur les théories de Bonanno, sur son rôle et son influence dans le mouvement anarchiste italien, mais pas seulement, ainsi que sur les différences au sein de ce mouvement entre « les anarchistes et insurrectionnalistes  » et « la FAI  ». À ce moment-là je leur ai suggéré de poser ces questions à leurs collègues italiens, puisqu’il est si évident que ce sont eux qui ont orchestré toute cette histoire.
Même si l’intérêt des autorités croates envers moi et le compagnon remonte à des années, sur la base des informations qu’ils ont sur nous deux, probablement tirées de nos mails, des écoutes, des contrôles, etc.
Un autre texte sur lequel ils ont formulé des craintes est ma traduction de la déclaration d’Alfredo Cospito « Dal ventre del leviatano  » [1], elle aussi publiée (avec la déclaration de Nicola Gai) sur le site AnarhistiÄ ka Biblioteka, sous format d’une brochure intitulée « Attaque contre l’énergie nucléaire  ». Ce qui les préoccupe dans ce texte, c’est le fait que soit citée la centrale nucléaire de KrÅ¡ko, située en Slovénie à la frontière avec la Croatie, près de la capitale croate Zagreb.
À ce moment-là ils ont fait le lien avec ma collaboration avec la Croce Nera Anarchica italienne et avec mes activités de solidarité et de soutien à mes « amis italiens et grecs  » en prison.
Il faut remarquer que, dans mon cas comme dans celui du compagnon, leur attention a été focalisée un moment sur la Foire du Livre Anarchiste de Zagreb. En ce qui me concerne, surtout sur la présentation de l’« Opération Ardire  » et de l’affaire Adinolfi (qui a eu lieu dans le désarroi et l’indignation de beaucoup de monde).
En ce qui concerne mon site internet, RadioAzione, bien évidemment, tout est un problème : mes traduction des revendications, les textes, les lettres, etc.
Les deux flics ont aussi essayé de formuler quelques phrases cohérentes sur la F.A.I. en Grèce (et ailleurs), mais sans y parvenir. Passe sur les autres théories et délires des deux flics, comme par exemple le lien entre la musique (punk), l’alimentation (végétarienne/végétalienne) et l’anarchisme.
Voilà un bref résumé de ce qui s’est passé ; quant aux analyses, je ne m’étalerai pas dessus, je laisse les lecteurs de ce texte les faire.
La seule chose que je voudrais souligner sur cette « conversation  », étant donné qu’on a eu à faire avec les services secrets, c’est il s’agit d’un projet de niveau international (il y a seulement quelques semaines a été traduit, depuis le site polonais de contre-information Grecja w ogniu puis publié sur RadioAzione Croatie, RadioAzione Italia et Act For Freedom Now, un rapport d’un ministère de la République Tchèque sur les rapports entre « extrémistes  » de l’Europe Orientale et de Grèce).
Au delà des menaces, ils semblaient sonder les possibilités de la création d’une « cellule  » italiano-croate-grecque (???) en Croatie. Cela me semble plus qu’évident que leurs collègues des autres pays (et surtout d’Italie) sont en train regarder pour essayer de construire un « terrorisme international  » sur la célèbre trajectoire italo-grecque (rien de nouveau) et qu’ils sont à la recherche de points de jonction.
Surtout en cette période d’« hystérie terroriste  » en Europe.
Le même jour dans la presse est sortie la nouvelle que la Croatie (pays membre de l’Union Européenne mais pas de l’espace Schengen), en tant que frontière de l’UE, est en train d’intensifier et intensifiera encore les contrôles aux frontières, à cause du « terrorisme  » ; et il y avait aussi la présentation, de la part du premier ministre français, du projet de loi sur la sécurité nationale, calqué sur le Patriot Act américain approuvé après le 11 septembre.
Enfin, dans la matinée du 25 janvier, juste le temps que le rapport des agents de la SOA arrive à leurs collègues italiens, le compagnon qui gère RadioAzione Italia est suivi dans son quartier pendant qu’il fait ses courses au marché.
Amour et solidarité à mes amis/compagnons italiens et grecs !!!
Nothing is over, everything continues…
Erika – RadioAzione Croatie
[Traduit de l’italien par nos soins de RadioAzione Italia.]