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Trentino (Italie) : Nouvelle enquête pour "terrorisme"
mercredi 17 juin 2015
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Le 14 juin, alors que nous rentrions de la belle mobilisation antimilitariste contre l’aéroport de Decimomannu [1], quatre compagnons ont été interpellés et fouillés par la police à l’aéroport de Bergame. Un compagnon a eu la notification d’une enquête à son encontre pour les articles 270bis (association subversive à finalité terroriste) et 280 (attentat à finalité terroriste) du Code Pénal, pour deux attaques qui ont eu lieu entre décembre et janvier 2014, la première à Rovereto, contre le Pôle techno-industriel « Meccatronica  » [2], la deuxième à Trento, contre le Tribunal d’application des peines [3]. On peut dire que de 2000 jusqu’à aujourd’hui, dans le Trentino comme dans d’autres regions d’Italie, les enquêtes pour 270bis se sont enchainées sans interruption, car dés qu’une était close, une autre était ouverte.
La «  nouveauté  », dans ce cas est que les flics voulaient prélever un échantillon d’ADN du compagnon [4]. Étant donné qu’il a refusé, ils lui ont dit qu’une procédure pour le prélèvement forcé sera entamée. Dans les dernières semaines, les prélèvements ADN, effectués ou tentés sur des compagnons arrêtés, expulsés de leur squat ou interpellés ont été constants, suite à la volonté affichée par la justice et la police de créer une archive de traces ADN sur le matériel trouvé dans les rues après la manif du 1er mai à Milan.
L’autre «  nouveauté  » est que le titulaire de l’enquête pour les deux actions directes qui ont eu lieu en Trentino, est le Procureur de Trieste [dans la région du Frioul ; NdT]. On comprend du coup le sens d’une rencontre qui a eu lieu l’année dernière entre la Digos [la police politique italienne ; NdT] et les Procureurs du Trentino, de Vénétie et du Frioul. Le saisissement de l’enquête à Trieste est motivé par le fait que lors de l’attaque au Tribunal, les «  personnes offensées  » seraient les juges Arnando Rubichi et Ettore di Fazio, ce qui provoque une incompatibilité légale qui empêche le Procureur de Trento de gérer l’enquête.
En se solidarisant, comme on l’a toujours fait, avec quiconque attaque le pouvoir, nous voulons faire remarquer quelques choses. Ces Juges d’application des peines (Rubichi en particulier) ont ajouté un certain zèle à leur rôle de chiens de garde du pouvoir. Ils nient systématiquement toute libération anticipée, détention domiciliaire ou autre «  peine alternative  » aux prisonniers qui en ont le droit. Ce zèle a provoqué deux suicides en une seule année dans la prison de Spini di Gardolo. Ces derniers temps, les prisonniers de cette taule ont mené une forte protestation (tapant sur les barreaux, des incendies de draps, de petites bonbonnes de gaz explosant dans les couloirs) et l’Administration Pénitentiaire a répondu avec des tabassages et du mitard, en faisant intervenir les GOM [les ERIS italiens ; NdT].
Lors des salutations sauvages et solidaires effectuées ces derniers jours, les cris insultants contre Rubichi étaient une constante, avec la référence aux privations (parloirs et appels téléphoniques limités, interdiction d’utiliser le terrain de foot).
On sait que, quand il y a eu le boom ! au Tribunal d’application des peines les prisonniers ont jubilé. Des détenus ont même été interrogés parce qu’ils étaient en contact épistolaire avec des compagnons.
Qui sont donc les personnes offensées ?
Aucune enquête ne peut étouffer l’action directe et la solidarité.
Compagnons et compagnonnes de Trento et Rovereto.
[Traduit de l’italien par nos soins d’Informa-azione.]
[1] Le 11 juin, une manifestation est entrée dans l’aéroport militaire de Decimomnnu, en Sardaigne, lors d’une grosse opération d’entraînement militaire ; pour en savoir plus voir ici (en italien) ; NdT.
[2] Trois engins incendiaires et une bonbonne de gaz ont été placés dans un des bâtiments de ce pôle industriel, où sont installées notamment des entreprises qui construisent des prisons. Malheureusement les incendies n’ont pas eu l’efficacité souhaitée et la bonbonne n’a pas explosé. Pour lire la revendication, ici ; NdT.
[3] Fin janvier 2014, un engin composé d’une bonbonne de camping gaz dans une cocotte minute a explosé devant ce Tribunal. Des perquisitions avaient suivi dans la foulé, contre des compagnons de la zone. La revendication ; NdT.
[4] Une pratique policière généralisée en France, mais qui n’est pas courante du tout en Italie  ; NdT.