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Zac Goldsmith adhère au Parti conservateur

vendredi 31 janvier 2014

Fidèle àla tradition familiale, le propriétaire de la revue « The Ecologist  » perpétue l’alliance entre ultra-conservatisme et écologisme radical.

C’est officiel : Zac Goldsmith, le propriétaire de la revue « The Ecologist  » – dont les amis français appartiennent au noyau dur des faucheurs volontaires – sera candidat aux élections parlementaires britanniques de 2006. Le grand mécène des associations françaises anti-pesticides et anti-OGM a choisi son camp : celui du parti conservateur de David Cameron. Surprenant ? Pas vraiment, de la part de ce fervent admirateur de Margaret Thatcher, dont il a acheté l’une des dédicaces pour 10000 dollars lors d’une vente aux enchères en 2004.

Dans les faits, Zac ne fait que renouer avec une longue tradition familiale. Son grand-père, Frank, arrivé en Angleterre en 1894, était lui-même député Tory, et un proche du jeune Winston Churchill. Son père, Jimmy – dont il a hérité une fortune estimée àplus de 300 millions de livres sterling –, est le fondateur du Referendum Party, positionné encore plus àdroite que le parti conservateur. Selon Peter Wright, ancien officier des services secrets britanniques (le MI5), Sir James Goldsmith aurait financé au début des années soixante-dix divers groupuscules d’extrême-droite, dans le but de renverser le gouvernement travailliste de Harold Wilson au motif que ce dernier était infiltré par le KGB. Si le père de Zac était alors surtout hanté par la menace communiste, il a aussi secrètement soutenu les causes écologistes, comme le souligne fièrement le jeune gourou de l’écologie britannique dans un entretien accordé àla BBC.

Des aristocrates écolos

Après la publication en 1972 du très médiatique rapport du Club de Rome « Halte àla croissance ?  », suivie d’une rencontre confidentielle avec son fondateur, Aurelio Peccei, Sir Jimmy a créé l’Ecological Foundation, « destinée àfinancer toutes sortes d’initiatives environnementalistes  ». Vingt ans plus tard, il est àl’origine de la Goldsmith Foundation, destinée à« financer des initiatives, principalement en Angleterre et en France, qui [contribuent] àcombattre l’industrie nucléaire, l’agriculture industrielle (en particulier ce qui concerne le génie génétique) et la mondialisation  ». La Goldsmith Foundation est aujourd’hui l’une des principales sources de financement du militant anti-pesticides François Veillerette, qui peine àtrouver des sponsors français.

Pour Zac Goldsmith, ce mélange entre écologisme et conservatisme est totalement naturel. « Un conservateur qui n’est pas un environnementaliste dans l’âme ne peut pas légitimement se décrire comme conservateur  », explique l’aristocrate anti-OGM au « Daily Telegraph  ». En Angleterre, de nombreux dirigeants émergents du mouvement écologiste ont d’ailleurs été recrutés parmi les nantis de l’aristocratie britannique, qui préfèrent la vie tranquille de châtelain au monde de l’industrie et de la production.

C’est ainsi qu’on retrouve àla tête de la branche britannique de Greenpeace, Lord Peter Melchett, ancien ministre et petit-fils de Lord Alfred Mond, le président d’Imperial Chemicals Industries ; ou encore les rejetons de « l’empire bovin  » du milliardaire Sir Derek Vestey, Julia Stephenson et son frère Mark Brown. Végétarienne comme Mark, Julia a posé nue dans la revue « Tatler  » pour « promouvoir le bien-être animal  », tandis que son frère, écologiste militant, a été condamné pour troubles publics suite aux violences occasionnées lors du Carnaval contre le capitalisme en juin 1999. « Des gens comme nous ont toujours été écologistes  », explique Julia, qui fut la candidate malheureuse du parti Vert anglais aux élections municipales de Londres, en 2000. Cela n’empêche pas la jeune femme d’être propriétaire d’un appartement de luxe dans le quartier branché de Sloane Square àLondres, qu’elle a acquis grâce àl’argent de cette industrie de la viande qu’elle abhorre.

Tradition oblige

« Le parti Vert n’est pas vraiment un parti sérieux  », affirme pour sa part Zac Goldsmith. Le pape du bio n’adhère pas àl’ascétisme prôné par cette mouvance. « Je déteste ce type de politiques vertes [celles du parti écologiste] qui suggèrent que les gens devraient vivre comme des moines  », déclare Zac au Guardian. « J’ai de l’argent en banque et je ne prétends pas suivre un modèle de vie écologique  », poursuit cet éminent membre du conseil d’administration de l’European Foundation, une fondation eurosceptique dont le représentant français n’est autre que le vicomte Philippe de Villiers.

A l’instar de son père, Zac préfère la vie en bonne compagnie, les cigares cubains et les soirées entre aristocrates au casino de l’Aspinall’s Club, où il se sent comme chez lui. L’Aspinall’s Club est en effet une création commune de son père – un passionné de poker – et d’anciens du collège royal d’Eton. Connu dans les années soixante sous le nom de Clermont Club, ce lieu privilégié de la high society britannique fut pendant longtemps le terrain de rencontres confidentielles entre diverses personnalités de l’aristocratie, du monde des affaires, de la politique et des services secrets. C’est làque Jimmy a rencontré ses associés Jim Slater et Tiny Rowland, les tycoons des années soixante, qui sont àl’origine des opérations spéculatives de dépeçage de l’industrie anglaise ; ou encore l’homme d’affaires John Bentley, un redoutable desosseur d’entreprises, dont la fille Sheherazade est depuis 1999 la distinguée épouse de Zac.

A l’Aspinall’s Club, Zac Goldsmith dispose d’une salle privée, où il se rend un soir par semaine avec – tradition oblige – ses anciens amis d’Eton, tel Tom Parker Bowles, le fils de Camilla - la nouvelle épouse du prince Charles, dont Zac est un fervent admirateur. « Quand le prince Charles parlait d’agriculture bio, tout le monde rigolait. Aujourd’hui 50 % des bébés britanniques sont nourris avec de l’agriculture bio, même par les parents qui ne peuvent se le permettre pour eux-mêmes  », affirme Zac au « Sunday Times  ».

Mais comme le commente Alison Roberts, journaliste au « Evening Standard  », « il est facile de vivre une belle vie respectueuse de l’environnement quand on est plein de fric. Vous pouvez vous permettre d’acheter bio plutôt que d’être tourmenté par les pesticides, vous pouvez payer quelqu’un d’autre pour lessiver vos couches lavables et vous pouvez aller àvotre travail àpied car, comme Zac, vous pouvez choisir de placer le bureau dont vous êtes propriétaire près de votre maison àFulham  »...

Ecologie politique, 10 juin 2006.