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A propos des manipulations et tergiversations autour de notre compagnon Mauri
mardi 6 octobre 2009
Désirant faire bonne figure et/ou se démarquer, de nombreux groupes ont écrit des communiqués sur Mauricio Morales, disant n’importe quoi sur lui, des communiqués que nous n’avons bien sà »r pas publiés. Dans le texte suivant, il est question de la manipulation et des envies de se pâmer par rapport à la mort de notre frère Mauri. L’affinité avec ce communiqué est une simple coïncidence.
Au-delà de l’image grossière qu’ont voulu donner les moyens de communication de la bourgeoisie, et qui ne nous intéresse guère, ce texte a pour but de marquer les différences avec des groupes qui ont exprimé dans des communiqués [1] certaines supercheries quant aux idées de Mauri, et au moteur qui l’a poussé à l’offensive directe contre le capital.
Premièrement, il est pour nous réellement choquant de voir comment, à peine parti, un compagnon, un frère, peut se transformer en slogan. Nous savons que les circonstances de sa mort rendent ce processus inévitable, et qu’il nous faut prendre le temps de digérer cette situation. Le problème, ce n’est pas qu’on en parle –c’est même nécessaire dans ces moments-là –, mais c’est plutôt les magouilles dégoà »tantes auquelles se livrent certains groupes avides de faire bonne figure. Ils se posent d’abord comme compagnons, puis se lancent dans des discours qui nous sont insupportables, et face auxquels Mauri n’aurait guère tardé à affirmer : « NOUS NE SOMMES PAS CAMARADES ! ».
On a dit de lui qu’il était un combattant social, qu’il aimait son peuple, qu’il voulait changer le monde. Eh bien, nous leur répondons qu’en réalité il haïssait cette société, et que son but était de la détruire. Nous ne prétendons pas parler pour lui, mais les raisons qui nous ont amenées à construire une affinité dans la vie et au quotidien avec lui ont précisément été des aspirations de liberté immédiate, loin de ceux qui prêchent l’attente de quelque changement dans cette société déjà pourrie par l’autoritarisme. C’est pour cela que nous déclarons avec fermeté que nous ne sommes pas « du même côté de la barricade  » [2] : nous pensons que ceux qui tentent de contrôler les aspirations insurrectionnelles en les calmant avec les réformismes et en les canalisant vers l’éternel travail de conscientisation des masses travaillent directement pour le projet de la bourgeoisie.
Deuxièmement, nous croyons fermement dans l’affinité comme méthode d’action contre le Capital, et de relation réelle entre nous. Il ne nous intéresse ni de former des fédérations, ni des groupes avant-gardistes qui prétendent devenir des référents, dépassant le localisme pour se transformer en soutien d’un mouvement prolétaire mondial [3]. D’autre part, et parallèlement à cela, oui nous pensons que la révolte généralisée aura lieu comme conséquence imminente de l’évidente agressivité du capitalisme qui dévaste nos vies jusqu’à les réduire à néant. Nous savons que les instincts les plus animaux qui réclament la liberté vont se multiplier comme la peste noire, étendant la révolte partout, et que nous sentirons alors l’affinité avec toutes celles et ceux avec lesquels nous partageons le mépris de cette société. Et, complices, nous danserons ensemble sur son cadavre quand nous l’aurons détruite, sans avoir au préalable à diriger quoi que ce soit, ni à construire des relations fictives qui ne font que sublimer le pouvoir que chacun d’entre nous entretient.
Troisièmement, nous assumons la répression policière comme conséquence de l’affrontement direct et frontal que nous livrons au pouvoir bourgeois, de la même manière que nous assumons la mort de Mauri. Ni lui ni nous ne sommes des victimes. Il n’y a rien à attendre de l’Etat, et la posture de ceux qui rejettent la répression et la criminalisation du mouvement anarchiste nous semble illusoire. Qu’espèrent-ils ? Des fleurs ? Et bien, nous devons les informer qu’il ne s’agit pas ici du jeu romantique de la révolution, et que c’est une guerre qu’il nous faut livrer entièrement. Quiconque choisit le capitalisme comme ennemi doit avancer avec détermination, le pas assuré, pour ne pas trébucher sur la mort. Rappelons aussi que leur première ligne de bataille est formée par une police qui possède des armes, inutile ici d’énumérer tous les cas où ils les ont utilisées. Quiconque attaque le pouvoir doit en connaître les conséquences.
La répression a pour finalité la peur. Quand un être humain a peur, il peut potentiellement faire des choses qu’il n’imagine pas. C’est son instinct de survie qui prime. Affrontons la peur et transformons-la en action, ce n’est qu’ainsi que nous pourrons parvenir à une révolte générale qui dépasse leurs moyens répressifs. Face à eux, nous ne devons pas rester paralysés, ce serait la pire des déroutes. C’est pourquoi nous disons à ceux qui considèrent que les actions violentes contre les institutions sont contre-révolutionnaires (puisqu’elles ne feraient qu’accentuer la répression), que tout est répression, et qu’elle est aiguë depuis bien longtemps ; mais aussi que toute action, du fait de penser à la liberté jusqu’à s’arrêter de travailler, de squatter une maison jusqu’à poser une bombe, amène de la répression. Si vous la craignez, continuez à penser et à rêver l’utopie du grand soir, à élaborer une fausse critique et à rester de simples spectateurs de votre vie.
Enfin, nous saluons toutes les actions réalisées en différents endroits du monde par ceux qui ont aussi cette flamme au cœur, une flamme qui parcourt nos veines et qui nous dit chaque jour que nous sommes vivants. Que Mauri l’est aussi avec nous, puisque les morts sont ceux qui ont déjà perdu leur vie en en faisant l’offrande à cette machine appelée civilisation.
Groupe réduit d’individus sauvages
Même si tu bois la tasse, il faut continuer à nager si tu ne veux pas que le courant t’emporte…
Texte (et introduction)
postés sur Liberación Total,
le 3 juin 2009
Extrait du receuil Peste Noire, Autour de la mort d’un compagnon au Chili, mais pas seulement, que l’on peut lire et télécharger sur Infokiosques.net.
[1] Nous en citerons certains, mais ces lignes s’adressent également à qui se sentira concerné sans être nommé.
[2] Communiqué du Frente de Estudiantes Libertarios (FEL), 28 mai 2009.
[3] Idée défendue par le CÃrculo Internacional de Comunistas Antibolcheviques - http://www.geocities.com/cica_alt/c..., auteur le 31 mai 2009 d’un texte intitulé « Communiqué par rapport à la mort de Mauricio Morales et à la campagne répressive contre le mouvement social radical à Santiago du Chili  ».