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Calais : retour sur deux semaines agitées

lundi 10 mars 2014

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Retour sur deux semaines agitées àCalais. Après le siège et l’attaque d’un squat par des néonazis àCoulogne, la réquisition de quatre maisons vides àCalais, une manifestation de solidarité aux migrants et de réponse antifasciste, l’expulsion illégale, la réoccupation et de nouveau expulsion d’une des maisons occupées.

La situa­tion des migran­tEs àCalais est tou­jours aussi catas­tro­phi­que. Entre une répres­sion assu­mée par les pou­voirs publics et un manque de monde sur place, il y a tou­jours entre 400 et 500 réfu­giéEs qui dor­ment sous des tentes d’été, dans des camps de for­tune, avec un seul repas par jour et trois toi­let­tes de chan­tier. Les squats ouverts par les migran­tEs et leurs sou­tiens ne tien­nent jamais et cela même si le délai de 48h est sys­té­ma­ti­que­ment prouvé. Depuis quel­ques mois déjà, il y a une véri­ta­ble cam­pa­gne xéno­phobe menée par la mairie, la pré­fec­ture et un groupe de fachos nommé « sau­vons calais  » qui se pré­sen­te comme « des voi­sins vigi­lants  » avec appel àdéla­tion concer­nant les squats et bana­li­sa­tion de la vio­lence. Ces deux der­niè­res semai­nes, on a vu un nou­veau cap se fran­chir dans l’expres­sion de la haine.
Petit retour sur deux semai­nes agi­tées :

Squat àCoulogne : attaque fasciste

Mi-Février, une ferme a été occu­pée par un couple franco-alle­mand de sans abri àCoulogne, une ville limi­tro­phe de Calais. Directement le groupe « sau­vons Calais  » appelle àdes ras­sem­ble­ments devant la maison, agi­tant le spec­tre d’une inva­sion des migrants dans une ban­lieue récep­tive aux dis­cours d’extrême droite. Si, dans un pre­mier temps, ils sont rejoints par des rive­rains inquiets, la plu­part vont vite se déso­li­da­ri­ser en voyant la tour­nure que pren­nent les événements. Les ras­sem­ble­ments « fami­liaux  » de l’après-midi lais­sent la place en soirée àdes atta­ques àcoups de pierre sur la toi­ture de la maison, àdes insul­tes sexis­tes et racis­tes et àdes mena­ces de mort sous la pro­tec­tion com­plice de la police qui s’amu­sait de cette situa­tion. Le week-end du 22 février, des grou­pes néo-nazi ont rejoint les ras­sem­ble­ments entraî­nant une nou­velle montée des atta­ques (des­truc­tion de la toi­ture par jet de pierre, cock­tail Molotov et ten­ta­tive d’intru­sion dans la ferme). Les habi­tants et leurs sou­tiens quit­tent tem­po­rai­re­ment leur maison, pré­ve­nus par des voi­sins d’un risque d’incen­die (fachos vus avec des bidons d’essence). La grange sera incen­diée la nuit même, malgré la pré­sence sur place des forces de l’ordre. A la suite de cela, les canards locaux publient des arti­cles démon­trant les liens entre les admi­nis­tra­teurs du grou­pes « sau­vons Calais  » et les grou­pes néo-nazi (photo de l’un d’eux arbo­rant une croix gammé sur la poi­trine). Le ven­dredi sui­vant le groupe annonce la dis­so­lu­tion de sa vitrine (page Facebook).

Manif du 1er mars

Le samedi 1er mars, un ras­sem­ble­ment de soli­da­rité avec les migrants est orga­nisé et il sera l’occa­sion de voir s’affir­mer une soli­da­rité anti-fas­ciste. On retrouve dans ce ras­sem­ble­ment des migran­tEs, des habi­tan­tEs de Calais, les No-Border, les asso­cia­tions de sou­tien aux migran­tEs et des grou­pes anti-fa. 300 per­son­nes sont ras­sem­blées ce jour-là, pré­sence impor­tante pour une ville comme Calais. Ils se sont expri­més par un ras­sem­ble­ment festif et une balade sau­vage.

Salut ô toît

Dans le même temps, une autre réponse s’exprime par le biais d’un col­lec­tif com­posé de per­son­nes d’hori­zons poli­ti­ques et de natio­na­li­tés dif­fé­ren­tes lut­tant pour le droit au loge­ment pour toutes et tous sans dis­tinc­tion d’ori­gine. Le ven­dredi 28 février, la réqui­si­tion de 4 mai­sons appar­te­nant àla mairie et àl’OPH est rendue publi­que avec de soli­des preu­ves des 48h àl’appui (cour­rier recom­mandé, photo, vidéo, témoi­gna­ges authen­ti­fiés...), preu­ves direc­te­ment com­mu­ni­quées àla police et aux jour­na­lis­tes. La réponse poli­cière est immé­diate, les 4 lieux voient les four­gons de CRS défi­ler devant leur porte. Le seul bâti­ment appar­te­nant àla mairie est expulsé de manière illé­gale sans jus­ti­fi­ca­tion. Cette expul­sion a été très vio­lente, que ce soit pour les per­son­nes àl’inté­rieur ou àl’exté­rieur (plutôt réac­tif com­paré àla semaine der­nière, en moins d’une heure plus de huit four­gons de CRS et 5 voi­tu­res de police se sont poin­tés devant le squat). Les per­son­nes arrê­tées sont relâ­chées quel­ques heures plus tard sans aucune charge. Vu l’absence de déci­sion de jus­tice, les habi­tan­tEs déci­dent de réin­té­grer leur loge­ment le diman­che 2 mars au cours d’un goà»ter festif avec les voi­si­nEs. Le lundi matin ils sont réveillés par une société qui vient murer la maison et ils se feront de nou­veau expul­ser illé­ga­le­ment l’après-midi, leurs affai­res se trou­vant murées àl’inté­rieur.

APPEL À SOUTIEN !

Il reste quand même 3 mai­sons occu­pées, (et pour les moti­vés 4000 bâti­ments vides...), 400 à500 migrants àla rue, avec plein de tra­vaux àfaire et un besoin de pré­sence pour tenir les lieux, face aux fachos et àla police en plus des besoins de soli­da­rité quo­ti­dienne.

Des indi­vi­duEs en lutte.

[Repris de Indy Nantes.]