Accueil > Articles > Sur le monde carcéral > Correspondances Carcérales > Chili : Lettre de Natalia Collado

Chili : Lettre de Natalia Collado

lundi 20 avril 2015

Toutes les versions de cet article : [ελληνικά] [français] [italiano]

Natalia Collado a été arrêtée le 7 avril, avec Javier Pino. Ils sont accusé.e.s d’avoir incendié un bus de la compagnie Transantiago et se trouvent maintenant en détention préventive.

Ami-e-s, compagnon-ne-s, famille et affinités,

À travers quelques paroles que j’ai pu échanger avec quelques personnes (parce que je suis jusqu’àprésent en isolement et ne sait presque rien des choses qui se passent), j’ai été mise au courant de la semaine d’agitation qui se réalise entre le 10 et le 20 avril en solidarité avec les prisonnier-e-s anti-autoritaires, surtout celles et ceux de longue peine. À ce propos, je voudrais poser dans ces lignes quelque chose sur la solidarité, et précisément sur la solidarité avec les compagnon-ne-s en prison.
J’ai pensé il y a quelques temps, et avec l’expérience vécue cela se fait plus clair, que lorsqu’un-e compagnon-ne passe en prison et finit par être un-e prisonnier-e, son premier soutien est lui-même, ses convictions, ses pensées, ses idées, ses sensations, et son amour propre, son individualité, qui est fondamentale àl’heure de se confronter àun endroit aussi laid et décadent que l’est la prison : nous sommes nous-mêmes la source de notre force. Mais il arrive que nos ouïes et nos yeux tombent d’un coup sur des gestes, des initiatives, des actions pour nous, et ce moment-làpendant lequel on ressent comme une étreinte, la poitrine se gonfle et sort un immanquable sourire, est le moment où se transcendent les murs de la prison et toute cette individualité du ou de la prisonnière. On se remplit alors de plus de force et de réaffirmation. Je comprends ce moment comme une complicité, parce que nous savons que nous continuons la lutte.

Je me joins àl’appel en cours et j’appelle àla solidarité avec les prisonnier-e-s de tous les territoires qui luttent et prennent position contre toute autorité. Toute mon affection et ma force àcelles et ceux qui affrontent de longues peines, et dont les années n’annihilent ni les idées, ni les sentiments. N’oublions pas non plus que la prison, produit humain, affecte actuellement d’autres êtres. Des animaux enfermés et torturés pour la complaisance humaine.

J’en finis en envoyant tout mon amour àmes ami-e-s, compagnon-ne-s, famille et aux filles dans la lutte antipatriarcale.

Tato (Natalia Collado)

Depuis la section 1, prison de San Miguel
Dimanche 12 avril.

[Repris de ContraInfo.]