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Dissolution de la CGT Pénitentaire de Roanne

lundi 14 janvier 2013

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Nous avons reçu par hasard cette information, de l’auto dissolution de la CGT Pénitentiaire de Roanne. Très heureux de cette bonne nouvelle, nous l’avons fait suivre au journal local, àla CGT Pénitentiaire et àla CGT générale et quelques-unes de ses antennes.Nous avons glissé dans les boites aux lettres de quelques 1348 habitants de la ville ( dont le SPIP, situé 97 rue du Baron Marais, et la Bourse du Travail ) le tract suivant, qui reprend l’information que la CGT Pénitentiaire de Roanne nous avait fait suivre. Nous imaginons que cette antenne syndicale, emplie de bonnes résolutions, a maintenant fort àfaire, et c’était un plaisir pour nous que de l’aider dans cette tâche informative.

Ces derniers mois plusieurs évènements sont venus perturber le fonctionnement du centre pénitentiaire : lettre de revendications écrite par les détenus et rendue publique, actes de rébellion isolés et collectifs (notamment tournés contre le personnel pénitentiaire), comme par exemple le blocage survenu en juillet dà» àun refus par quatre détenus de remonter de promenade qui a fait un scandale médiatique.

Tout cela a amené la direction du centre pénitentiaire àprendre des mesures visant àrétablir l’ordre au sein du CD, mettant en place une politique de durcissement des régimes de détention (augmentation massive des fouilles en cellules et des fouilles au parloir, commission disciplinaire au moindre écart du règlement intérieur donnant lieu àde conséquents allongements de peine)

En tant que surveillants pénitentiaires, nous nous sommes retrouvés en première ligne lors de la mise en application de ces mesures. Nous avons dà» affronter la colère des détenus face àla stricte application, souvent absurde, du règlement intérieur. Nous nous rendons bien compte que durcir les mesures répressives contre les prisonniers ne peut que générer un égal durcissement de la haine qu’ils nous vouent, cela est difficile àdire, mais certainement àjuste titre.

C’est une chose qu’il n’est pas facile às’avouer, mais nous prenons aujourd’hui conscience de ce que signifient nos gestes professionnels lorsque nous ne faisons "que notre métier"... Métier qui consiste principalement àmaintenir des personnes enfermées, loin de leur entourage dont la vie s’en trouve trouve également lourdement impactée. Nous réalisons aujourd’hui que notre métier par notre simple présence, nos remarques, nos contrôles permanents, par nos fouilles, nos intrusions dans les moments de parloirs, nos chantages, etc... est àl’origine même du climat de tension que nous cherchons àcontrôler.

Et même pour ceux d’entre nous qui avaient la prétention d’être "humains", il nous est clairement apparu que notre métier, si c’en est encore un, est clairement vecteur de tortures et ne voulons plus participer a celles ci. Participant àl’administration pénitentiaire, nous sommes directement responsables de toutes les morts en prison. Nous nous sommes battus pendant des années en réclamant des effectifs et des moyens pour faire notre métier dans de bonnes conditions. Nous savons maintenant qu’il n’y a pas de bonnes conditions et que l’enfermement n’a pas de visage humain.

Nous sommes réduits àde simples bâtons de l’administration pénitentiaire et ce travail n’est plus tenable. Aussi parce qu’il s’avère que les pratiques d’affrontement et d’humiliation deviennent des mécanismes qui s’installent en nous et bientôt il n’est plus possible de laisser le maton au vestiaire lorsqu’on rentre chez soi. Cela nous parait aujourd’hui une évidence : la prison ne règle aucun problème, ne sert qu’àisoler, torturer, briser les indésirables et faire peur àceux qui rêvent àautre chose que le métro boulot dodo dans cette société qui ne sait plus comment gérer les problèmes qu’elle génère. Les cages mêmes dorées sont insupportables. Après de nombreuses discussions avec l’ensemble du personnel surveillant pénitentiaire, nous vous faisons part de notre décision de dissoudre la section syndicale de Roanne ainsi que de notre démission. Suite àça nous proposons àtous les surveillants de démissionner et raser la prison. Nous vous informons que la destruction de la prison occasionnera du bruit, de la poussière et probablement de nombreux cris de joie, et ce pendant un temps indéterminé. Nous invitons chaque personne qui le souhaiterait ànous rejoindre pour ce grand projet de destruction libérateur. Nous nous adressons àchacun pour rendre ce qui leur est dà» àGeorges Boyer, directeur du centre de détention, Bertrand Arnoud, major au centre de détention et délégué grande bouche de la CGT pénitentiaire, qui tente depuis la fin de l’été de faire régner la terreur et fait vivre un enfer aux prisonniers. En souhaitant être rejoints prochainement par l’ensemble de la profession.

l’ex CGT-pénitentıaıre vous présente ses meilleurs vœux pour l’année 2013.

Repris de Indy Nantes.