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Du PJZ de Zurich àla future cité judiciaire de Paris

Dire « non » n’apporte rien, attaquons !

mercredi 7 novembre 2012

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Alors qu’en France, les pourparlers se poursuivent concernant la future cité judiciaire de Paris, àZurich, les compagnons se trouvent confrontés àla même situation avec le PJZ. Voici donc un tract distribué dans les rues de Zurich lors d’une manifestation contre la restructuration urbaine le samedi 27 octobre (qui a donné lieux àquelques affrontements), ainsi qu’une affiche spécifiquement consacrée au PJZ et trouvée sur les murs de Zurich
depuis mars. Pour rappel sur Paris, Le futur bâtiment, construit sur une parcelle de 17 500 m² abritera 90 salles d’audience. Il regroupera l’ensemble des services du tribunal de grande instance de Paris, le tribunal de police et sans doute aussi les tribunaux d’instance éparpillés entre le siège de l’île de la Cité et d’autres sites dans la capitale. Des articles de la presse bourgeoise ici et là, mais aussi un article du bulletin anarchiste Lucioles ici.

Dire « non Â » n’apporte rien, attaquons !

Nous sommes contre les processus qui font de cette ville un endroit toujours plus inhabitable. Contre l’occupation policière des quartiers, l’aménagement de la surveillance et l’architecture carcérale. Contre les « Â projets de revalorisation  » qui sont imposés au service de l’économie et des riches, sur le dos des pauvres. De la Weststrasse [1] àl’Europaallee [2] en passant par la construction du nouveau centre de police et de justice (PJZ). Cependant, nous pensons que se contenter de dire « Â Non  », lorsque cela ne s’additionne pas àune intervention active et directe, n’apporte rien. Mais qu’entendons-nous par là ?

Ne nous faisons pas d’illusions. Les protestations qui visent ૠ manifester un désaccord  » et « Â exercer une pression  » n’ont jamais obtenu de réels changements. Ce qui a pu être obtenu est tout au plus quelques concessions que ceux qui jouent aux chefs de nos vies et de notre environnement ont la pitié de nous concéder, pour nous calmer ànouveau. Mais ces concessions sont seulement concédées dans la mesure où elles sont compatibles avec leurs intérêts, ce qui signifie au fond ne rien changer fondamentalement. Sinon leur réponse est purement et simplement la répression.
Si nous voulons intervenir contre ces processus qui aménagent toujours plus cette ville selon les exigences du capital et de ses intérêts (plus lucrative, sans heurts, propre, contrôlée, fonctionnelle, morte...), alors nous ne devons pas, si nous voulons vraiment arriver àquelque chose, déléguer cette intervention àun quelconque politicien, en nous limitant nous-mêmes àun rôle de lobbyiste. Nous devons donc prendre en main cette intervention, exactement de la même manière que nous voulons reprendre en main notre vie et le monde que l’on nous a arrachés. Et comment empêcher l’expulsion de toute une avenue, la démolition de nos domiciles, la construction de nouveaux complexes immobiliers comme le PJZ ou l’Europaallee qui, dirigés contre nous, visent àintroduire toujours plus de contrôle ou une couche de population plus rentable dans ces quartiers ? Comment empêcher cela en ne voulant nous fier qu’ànous-mêmes ?
A travers le refus, le sabotage et l’attaque directe contre les intérêts des responsables ! En faisant tomber le voile de l’irresponsabilité et en intervenant contre ceux qui réalisent ces projets d’expulsion, d’exploitation et d’enfermement et qui en tirent profit. Des entreprises de construction et de démolition aux architectes, en passant par les politiciens et les administrateurs. Ce sont eux qui réalisent ces projets et c’est àtravers eux que nous pouvons les saboter et les bloquer.

Lànon plus nous ne devons pas nous faire d’illusions. Ces moyens ne permettent pas toujours d’empêcher efficacement les projets des colosses du pouvoir. Mais avec ces moyens a lieu un vrai changement, qui n’est pas la réalisation ou l’empêchement d’un projet, mais les rapports que nous développons dans la lutte. Les rapports entre nous, par l’auto-organisation, la solidarité et la complicité. Les rapports ànous-mêmes, par la perception de notre force en tant qu’individus. Les rapports au monde par l’insoumission et le bouleversement des rôles passifs qui nous sont imposés. Ce genre de rapports va àl’encontre du fonctionnement de ce monde, et c’est seulement par eux que se développe une force qui peut finalement réussir àrenverser profondément le monde qui nous est imposé. Ce qui change alors vraiment quand nous prenons en main l’intervention contre ces projets de développement urbain comme contre tout ce qui ravage nos vies, en nous mettant àl’attaque, est le sentiment de ne plus vivre comme de simples pions dans un monde imposé – et d’expérimenter notre liberté dans la révolte.

Traduit de l’allemand par nos soins de andiewaisendesexistierenden.


Empêchons la construction du PJZ

Dans leur arrogance, les dirigeants veulent nous mettre directement sous le nez un géant complexe d’enfermement et de contrôle. Et ils s’attendent àce que nous avalions ça ! Nous contre qui ce complexe est construit. Nous qui nous sentons harcelés par les lois et les fonctionnaires, que ce soit parce que nous sommes pauvres, parce que nous n’avons pas de papiers ou simplement parce que nous aimons la liberté. Nous en qui la colère monte quand nous voyons comment la police patrouille, contrôle et arrête. Nous àqui cela répugne de nous soumettre en faisant profil bas. Nous qui croyons toujours, et qui luttons aussi pour cela, qu’au delàdes contraintes et des habitudes de cette société, un tout autre monde, une vie libre, sont possibles. Finalement, c’est nous tous que l’on veut intimider, contrôler et enfermer avec cet édifice punitif. Et nous devrions laisser sa construction se passer en silence ?

Le nouveau « Centre de police et de justice Â » [3] qui doit être construit àla place de l’ancienne gare de marchandises (début de la démolition en 2013) rassemble 30 commissariats existants, différents organismes répressifs et 300 places de prison dans un même bâtiment. Ils avancent comme argument le besoin de plus de sécurité et parlent même de « volonté populaire Â ». Mais de la volonté de qui, de la sécurité de qui s’agit-il ici ? Finalement, qui a intérêt àenfermer les gens qui nuisent au bon fonctionnement de cette société ? Sà»rement ceux qui profitent de l’économie et non ceux dont ils exploitent la force de travail. Certainement les riches et les gouvernants, pas les pauvres et les gouvernés ! Au fond, il s’agit ici de la sécurité de nos oppresseurs, qui sont absolument en droit de craindre le vol chez ceux qu’ils poussent dans la pauvreté, de craindre la colère de ceux qu’ils exploitent et rabaissent chaque jour, de craindre les révoltes de ceux dont ils volent la liberté et qui sont encouragés par les soulèvements en Grèce et en Afrique du Nord. Et de cette sécurité, de la sécurité de nos oppresseurs, nous n’en avons rien àfoutre !

Si nous préférons répandre la solidarité, l’autonomie et la liberté au lieu de la répression, la contrainte et l’autorité ; si nous répugnons autant àcommander qu’àobéir, àenfermer d’autres individus comme àêtre enfermés nous-mêmes, alors perturbons, bloquons, empêchons la construction de cet horrible complexe carcéral de verre et de béton froid !
Les responsables de la réalisation de ce monument àla soumission sont tous ceux qui décident d’y participer. Que ce soit les politiciens ou les architectes, les entreprises de construction et de démolition, les administrateurs, ou tout simplement les flics eux-mêmes. Et ces responsables ont des visages, des noms et des adresses...

pour une vie de liberté, sans prisons ni police ni justice

Zürich,
février 2012.

Quelques responsables qui participent àla construction du PJZ

– La ville de Zürich et le Conseil d’Etat (Regierungsrat, gouvernement du canton de Zürich).
– La Direction des travaux publics du canton de Zürich.
– Tous les partis (des représentants de différents partis s’engagent pour le PJZ. Parmi eux par exemple Mario Fehr [directeur de la sécurité, Parti socialiste suisse], Martin Graf [directeur de la justice, les Verts], Markus Kägi [directeur des travaux publics, Union démocratique du centre], Markus Notter [directeur de la justice, Parti socialiste suisse], Hans Hollenstein [directeur de la police, Parti démocrate-chrétien].
– Toutes les institutions de la police et de la justice.
– SBB-CFF (Chemins de Fer Fédéraux suisses) : vend le terrain de la gare de marchandises pour le PJZ ; s’occupe en plus du transport de prisonniers et des expulsions ; les contrôleurs dénoncent des sans-papiers àla police.
– Theo Hotz AG (architectes et urbanistes du PJZ).
– Amstein + Walthert (urbanistes de la sécurité).
– Rotzler Krebs Partner (architectes paysagistes).
– Basler + Hofmanet (ingénieurs en travaux publics et urbanistes du transport).

Traduit de l’allemand par nos soins de andiewaisendesexistierenden.


Où trouver les vautours du nouveau centre judiciaire de Paris :

Equipe Bouygues :
. Renzo Piano Building Workshop, 34 rue des Archives, 75 004 Paris.
. Associés : Exprimm (19, rue Stephenson ,78 066 Saint-Quentin-en-Yvelines), DIF Infrastructure II BV (54 rue de Ponthieu, 75008 Paris), Uberior Infrastructure 4 Limited, SEIEF et EP12.

Equipe Vinci :
. Agence Marc Mimram, 21 rue de la Fontaine-au-Roi, 75 011 Paris.
. Loci Anima – Françoise Raynaud, 92 rue de Rochechouard, 75 009 Paris.
. Associés : Caisse des Dépôts et Consignations (56 rue de Lille, 75007 Paris), Barclays Europe Infrastructure Capital et Icade.

Etablissement public du palais de justice de Paris :
30 rue du château des rentiers, 75 013 Paris.

Repris de Lucioles n°5.


[1Ndt. Rue de l’Ouest.

[2Ndt. Avenue de l’Europe.

[3Ndt. PJZ : Polizei- und Justizzentrum