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Extrait du plaidoyer de Vittorio Pini lors de son procès en 1890

vendredi 13 janvier 2012

Nous, anarchistes, c’est avec l’entière conscience d’accomplir un devoir que nous attaquons la propriété, àun double point de vue : l’un pour affirmer ànous-mêmes le droit naturel àl’existence, que vous, bourgeois, concédez aux bêtes et niez àl’homme ; le second pour nous fournir le matériel propre àdétruire votre baraque et, le cas échéant, vous avec elle.

Cette manière de raisonner vous fait dresser les cheveux, mais que voulez-vous ? C’est ainsi et les temps nouveaux sont venus.

Autrefois le meurt-la-faim qui s’appropriait un pain, traduit devant vos pléthoreuses personnes, s’excusait, demandait pardon, reconnaissait avoir commis un délit, promettait de mourir de faim lui et sa famille plutôt que de toucher une seconde fois àla propriété d’autrui et avait honte de montrer sa figure.

Aujourd’hui, c’est bien différent ; les extrêmes se touchent et l’homme, après être tombé si bas, se relève : traduit devant vous pour avoir fracturé les coffres-forts de vos compères, il n’excuse pas son acte, mais le défend, vous prouve avec fierté qu’il a cédé au besoin naturel de reprendre ce qui lui avait été précédemment volé : il vous prouve que son acte est supérieur en morale àtoutes vos lois, qu’il se moque de vos cris et de votre autorité et, malgré vos accusations, vous prouve que les voleurs, ô messieurs les Juges ! sont vous et votre bande bourgeoise.

C’est justement mon cas. Soyez-en certains, je ne rougis pas de vos accusations et j’éprouve un doux plaisir àêtre appelé voleur par vous.

Vittorio Pini.