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Le "Centquatre" : Plus sexy que les flics, les artistes !

Une affiche de novembre 2008 contre le Centquatre

jeudi 14 septembre 2017

Voici une affiche vraisemblablement collée sur les murs du XIXe arrondissement de Paris en novembre 2008, un mois après l’inauguration du 104, établissement public de coopération culturelle parisien sur le site de l’ancien Service municipal des pompes funèbres, au 104 rue d’Aubervilliers, dans le XIXe arrondissement de Paris. Un coup de speed en grande pompe pour la gentrification locale. On vient désormais de loin pour côtoyer le gotha, maintenant que le nettoyage humain est effectué, que le jardin d’Éole est toujours aussi nouveau et dégueulasse. Comme on le voit, déjàen 2008, l’ambiance pouvait occasionnellement se tendre et le rêve pourri de la mixité sociale voler en éclat sous les coups de la convoitise.

Habitants du quartier, visiteurs occasionnels,
Les flics ont délogé les squats, les flics ont raflé les sans papiers, Ils ont pourchassé les « gauchistes  », le mobilier urbain a été modifié pour être inconfortable aux SDF, les indésirables emprisonnés, internés, expulsés, les pauvres dans la peur des huissiers, l’esprit de révolte anesthésié par la peur.


Alors maintenant,

Place aux artistes !

Le terrain est enfin favorable pour la paix sociale, le XIXe est enfin àla mode. Promoteurs, huissiers, citoyens flics, voici enfin un lieu àla hauteur de vos espérances. C’est toujours plus sympa quand c’est construit sur les ruines de la misère. Dans cette guerre sociale, le pinceau peut remplacer la matraque et la matraque peut remplacer le pinceau. Comme l’époque exige de bons gestionnaires, la ville créa le 104.

Avec le 104, la hausse des prix de l’immobilier repousse enfin les pauvres un peu plus loin dans les ghettos qui leur sont destinés, le niveau de vie augmente peu àpeu, la culture bourgeoise s’installe remplaçant le crack par la coke, les marchés populaires par les marchés bio-équitables, les rames de métro remplacées par des cameras géantes qui roulent sur les rails du progrès, l’expression murale par des affiches de soirées artistes payantes et sponsorisées par les divers avatars du capital.

Mais nous n’abdiquerons pas !

La mixité sociale on la baise du 104 aux quais de seine en passant par la Villette et le jardin d’éole, nous purifierons par le feu vos ambitions de guerre aux pauvres et aux indésirables.
Terrorisons les artistes du 104, les huissiers qui nous expulsent, les flics qui raflent, les citoyens flics qui poucavent.
Artistes, bourgeois rebelles, délateurs en t-shirt Che Guevara, ne sortez plus seuls le soir.