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Du GRU aux FTP en passant par l’OS : Les portes-flingues du Komintern

mercredi 16 septembre 2015

Il n’est pas inutile de rappeler que, dès sa création en 1922, le GRU (le Guépéou) la police d’Etat de l’URSS, déployait ses activités contre-révolutionnaires bien au-delàdes frontières de « la patrie du socialisme  », au nom de la prétendue « défense de la révolution mondiale  », assimilée àla défense de l’Etat soviétique contre ce qui le menaçait, àcommencer par les révolutionnaires dispersés àtravers le monde. En Espagne, au cours de la révolution, c’est lui qui réorganisa la sécurité d’Etat républicaine et qui, en collaboration avec elle, organisa la liquidation en gros et en détail des anarchistes et des poumistes. Voir l’excellent livre paru chez Spartacus « Les fossoyeurs de la révolution sociale  », 1975, qui rassemble divers textes et témoignages datant de 1937 à1940.

En réalité, au Guépéou et àses annexes hors de Russie, les services de sécurité des diverses sections de l’IC, participaient aussi des communistes de diverses nationalités, tels que Duclos en France. C’est ce qui est en général passé sous silence par les chefs du PCF exclus ou rétrogradés dans les années 1950, tels que Marty, Tillon, LecÅ“ur, Guingouin, etc. Par exemple, LecÅ“ur, dans « Â Le PCF : continuité dans le changement  », 1977, affirme, de façon assez « Â pudique  »Â : « Â L’Organisation spéciale (OS) fut créée dans les premiers jours de l’occupation allemande. Elle était constituée de petits groupes d’hommes résolus, spécialisés dans la récupération des fonds, du ravitaillement, la protection et l’élimination des “traîtres†. Quelques-uns de ces groupes s’étant livrés àdes actes de gangstérisme caractérisé, c’est ainsi que naquirent en lieu et place de l’OS les Groupes de travail particulier (TP). En juin 1941, l’URSS entre en guerre àson tour. Les TP reçoivent alors la consigne de participer àdes actions directes contre l’occupant. La décision fut prise, en décembre 1941, de placer la lettre F devant TP (Francs tireurs et partisans) qui devinrent, dans le courant de 1942, les FTPF (pour Français).  »

LecÅ“ur, ami et mentor de personnages idéalisés comme Guingouin, en particulier en ce qui concerne l’organisation de l’OS, nous présente ici la genèse du service de sécurité du PC de façon pour le moins étrange. Il « Â oublie  » évidemment qu’il y était impliqué depuis longtemps, avec les Duclos, Tillon, Marty, pour ne parler que des membres influents du BP du PCF. Ainsi, il était le second couteau de Marty, àtitre de commissaire politique et d’organisateur de la police interne dans les Brigades internationales. A titre d’inspecteur général des Brigades, Marty était aussi chargé d’organiser la liquidation des poumistes et des anarchistes, rôle dont il s’acquitta avec suffisamment de zèle pour être surnommé, par les anarchistes espagnols, « Â le boucher d’Albacète  ».

La création de l’OS, au cours de la Drôle de Guerre, par Duclos, est donc incompréhensible si l’on passe sous silence, comme le fait LecÅ“ur, ce qui la précède, en Espagne et ailleurs. L’OS elle-même était composée de communistes de diverses nationalités, bien que la française y domine. Lesquels, en très grande partie, étaient d’anciens cadres des Brigades ayant été sous les ordres de Marty. LecÅ“ur lui-même supervisait le sinistre détachement Valmy, sorte de service action du PCF, qui se nommait lui-même « Â le Guépéou du Parti  ». Il était chargé en priorité de la liquidation des « Â traîtres  », ce qui incluait des révolutionnaires et des oppositionnels àla ligne officielle du Komintern, àl’intérieur du Parti, tel que Déziré, comme àl’extérieur, des trotskistes domiciliés en France, bien que, dans leur cas, il n’eut pas la possibilité de passer àl’acte.

Par la suite, bien que le sigle ait disparu, les noyaux clandestins de l’OS subsistèrent àtitre de service action dans les maquis FTP, comme le reconnaît plus ou moins Tillon lui-même dans « Â On chantait rouge  », 1977. En juin 1944, ils participèrent, entre autres, àla liquidation des trotskystes, et assimilés, emprisonnés àla prison du Puy par la police de Vichy.

[Notes rassemblées en vue de la discussion publique à« La Discordia  » sur les mythes de la Résistance, jeudi 17 septembre 2015 à19h (plus d’infos sur le site de La Discordia).]