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Lutte contre le Google-Campus àKreuzberg (Berlin) : La lutte est finie, ou tout continue ?

dimanche 18 novembre 2018

Google ne s’installera pour l’instant pas dans le transformateur de Kreuzberg, mais loue 3000 mètres carrés plus loin àdeux comités de quartier, Betterplace et Karuna. La façon dont on pourrait expliquer ce changement de stratégie de la part de Google se verra probablement que dans quelques temps. Mais on ne peut pas nier que les actions continues contre le Google-Campus aient contribué àce que Google ne puisse pas venir àKreuzberg et s’y implanter aussi facilement. Le fait que des actions informelles de petite comme de plus grande envergure aient nuit àson image ont poussé le géant américain àse lancer dans une vaste campagne de séduction pour parer àencore plus de dégâts. Les photos des chefs berlinois de Google, comme Rowan Barnett en train de remettre les clés du transformateur àun quelconque comité de quartier, considéré désormais comme un « ange social  », sont censées effacer le départ de la boite par la petite porte, ce qui s’est exprimé ces deux dernières années dans les rues de Kreuzberg. Google le « Big Brother  » de première catégorie, qui sait non seulement ce qui est bon pour l’humanité mais aussi pour les habitant.e.s de Kreuzberg et de Berlin.

La critique du Google-Campus ne s’est jamais uniquement focalisé sur les évictions de logements et l’augmentation du prix des loyers, mais toujours plus sur le rôle que joue Google dans l’amélioration de la domination et du contrôle. Ce progrès technologique, c’est-à-dire cette attaque, ne dépend pas uniquement du Google-Campus, mais de tout ce qui fait partie du discours dominant, des entreprises de nouvelles technologies en passant par l’industrie 4.0 jusqu’àl’agenda politique de tous les partis pour le progrès technologique. La lutte contre Google et consorts est une lutte contre la domination en place et la manière dont elle se manifeste. Il est sans importance ici de démasquer les mensonges des politicien.ne.s et des « portes-paroles des quartiers autoproclamés  », car il leur incombe de maintenir le statu quo et de pacifier la contestation. Car l’un des atouts de la lutte contre le Google-Campus est certainement le refus de se fourvoyer dans des négociations et de donner le contrôle de la lutte àdes bavard.e.s de la politique. Le changement de plan de Google n’a pas été gagné dans les bureaux, mais dans les rues.

Au cours des deux dernières années, une lutte s’est développée àforce d’empêcher l’implantation du Google-Campus, se dirigeant contre l’attaque de la technologie et la restructuration du pouvoir. La cible des attaques n’était pas seulement Google, mais aussi tout le milieu de la technologie, la domination et les personnes qui la promeuvent et la défendent. Durant ces deux années, on a tenté de développer un projet antagoniste, propre ànos idées, contre ce monde de Google et consorts. Une lutte qui se nourrit de l’initiative propre àchaque individu qui y participe, par la créativité et l’auto-organisation. Une lutte avec pour perspective de bouleverser les relations sociales, et pas d’empêcher le « seul  » campus.

Et qu’est-ce que cela signifie àprésent, maintenant que le projet Google-Campus est officiellement mis au placard ? Tout jeter et se trouver un nouvel « adversaire  » ? On arrête de critiquer et d’attaquer Google et les autres entreprises technologiques puisque Google ne vient désormais plus àKreuzberg ?

Et si en fait il ne s’agissait jamais vraiment du but, mais toujours des moyens pour y parvenir, alors il faut le construire. Nous reviendrons sur ces deux dernières années, sur les relations qui se sont créées, les discussions approfondies, les conflits, les attaques plus ou moins collectives, les expériences collectées, etc… La question est donc de savoir : comment faire pour que tout continue ?

Faisons brà»ler les flammes de la révolte !

Berlin, 25.10.2018.

[Texte de présentation de la discussion àl’Anti-Google Café « Face2Face  » (Bibliothèque anarchiste Kalabal !ik) du samedi 27 octobre, àla suite de la suspension officielle du projet de Google-Campus àBerlin. Repris de Sans attendre demain.]