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Nantes (NDDL) : Les flics tentent de recruter une balance contre un téléphone et des cacahuètes

jeudi 10 novembre 2011

Deux personnes àvélo se font contrôler dans la banlieue nantaise (àune quinzaine de km en direction de la ZAD) par une voiture « gendarmerie  » et une banalisée, fin octobre. C’est le jour de la « visite  » des bureaux de Vinci par une cinquantaine de personnes et les flics affirment dès le début qu’il-es sont des squatteur-euse-s qui reviennent de l’action. Les camarades donnent leurs noms mais ne répondent pas aux autres questions, ni quand les flics leur demandent d’indiquer leurs domiciles sur une carte IGN de la zone occupée. Après la prise d’identité, la personne qui comprend le français est entièrement « prise en charge  » par un des flics de la bagnole banalisée (c-a-d dans la voiture et au poste), et les deux sont emmené-es séparément àla gendarmerie de Sautron.

Dans le bureau le flic « spécial  » (RG classique du coin qui bosse sur la ZAD ? Membre d’une équipe qui viendrait d’ailleurs et bosserait sur des faits précis ?) continue àposer des questions qui semblent anodines, histoire de créer un climat de pseudo confiance, d’amorcer une conversation plus que d’obtenir des informations précises. Florilège : « depuis combien de temps t’es ici ? T’habites où ? Est-ce que tes parents savent que tu es là ?  ». Une gendarme entre et interrompt son monologue pour s’adresser àla camarade en lui disant « qu’on sait que tu es sur la ZAD depuis mai  ». Et le flic pas comme les autres essaye de la faire réagir, de lui mettre la pression en la menaçant. « T’étais àcette manif’  », « tu pourrais être poursuivie pour les délits du groupe  », « si jeune, ça pourrait détruire ta vie  », ou encore « si tu coopères pas je te laisse avec les gendarmes  » (tu sortiras moins vite). Il sous-entend qu’il pourrait l’aider àsortir de la galère (matérielle et juridique) si elle se montrait coopérante. Juste au moment de la sortie du commissariat (àla fin des quatre heures de contrôle d’identité) et avant de remonter en voiture pour la raccompagner aux vélos, le super keuf donne un numéro de téléphone et un créneau horaire où appeler le lendemain en re-disant que si elle donne des informations, ils lui donneront un téléphone et de l’argent. (« comme ça tu pourras me joindre si tu as besoin de nous  ») Dans la bagnole, il s’assure qu’elle a assez d’argent pour le rappeler et tente un dernier coup de pression « si tu le fais pas, je te pourrirais la vie et ça sera plus possible pour toi de vivre sur la ZAD  ». (sans suites du côté de la camarade qui n’a pas rappelé ni des keufs...)

Un des éléments qui est utilisé par les flics pour avoir ce qu’ils veulent dans ce contrôle d’identité, c’est le fait qu’ils affirment qu’ils savent qu’elle est làdepuis plusieurs mois, alors qu’elle n’avait pas été contrôlée avant. (laisser entendre qu’ils la connaissent, qu’ils ont des informations sur elle...) . C’est bon de se préparer àce genre de coup de pression parce que les flics prennent régulièrement des photos sur la ZAD (voitures banalisées/hélicoptère...*) et qu’un trombinoscope de personnes liées àcette lutte existe depuis plusieurs années (photos et noms, renseignés au moins par les RG de la région et par les contrôles d’identités successifs). Ce trombinoscope a été vu dans les gendarmeries alentour et pendant certaines grosses opérations sur la ZAD (forages...). À la gendarmerie de Sautron, d’autres camarades ont été confronté-es àune gendarme « physionomiste  » qui semblait être formée pour retenir les gueules, les noms et les CV des personnes relatives àcette lutte. Le fait de relier àdes photos du trombinoscope des personnes contrôlées ensemble, ou repérées àun endroit leur permettant, a postériori, de retrouver toutes les fois où l’on a déjàeu affaire àune personne que l’on ait ou non pu mettre la main sur son identité.

Localement ça n’est pas la seule histoire qui traîne et dans les autres cas, les keufs ont semblé également s’intéresser àdes personnes plutôt jeunes ou en embrouilles juridiques. Qu’on soit ou non réellement en embrouilles juridiques, les flics disent souvent qu’on est dans la merde pour foutre la pression, et forcer àlâcher des éléments qui vont vraiment jouer contre nous ou d’autres. Dans tous les cas, il n’y a pas de conversations anodines avec eux. Une des façons les plus sà»res de ne pas les aider dans leur boulot, de ne pas leur donner d’éléments sur soi ou d’autres, c’est de ne pas répondre àleurs questions, que ce soit dans le cadre d’une garde àvue ou d’une convocation en tant que « témoin  ». Se rendre àune convocation au commissariat, qu’elle soit transmise de manière orale (téléphone/tiers) ou écrite n’est pas obligatoire. Au pire les flics viennent nous chercher, au mieux ils lâchent l’affaire. Dans certains contextes, cette décision prise collectivement a déjàfacilité la vie àdes personnes qui se sentaient en danger ou qui avaient peur de ce qu’il- es pourraient lâcher, àcelles et ceux qui ne voulaient pas filer leur ADN ni tailler le bout de gras avec les condés. Si on ne se sent pas de refuser leur « invitation  » àse rendre au commissariat, ce qui peut arriver, ou qu’on préfère savoir ce qu’ils nous veulent, c’est important de se préparer avec d’autres, d’anticiper leurs coups de pressions (et notamment un placement en garde àvue) pour ne pas y céder.

Ici et ailleurs, les flics sont tentés de recruter des indics pour y voir plus clair. C’est valable dans plusieurs « milieux  », qu’il s’agisse d’activisme politique ou de trafics divers et variés... Cette nouvelle tentative ressemble àcelle décrite àLyon (« 22 V’la la SDAT  ») qui ressemble àcelle décrites àParis (« Quand la brigade criminelle cherche àacheter un camarade  », « la police tombe sur un os  »), qui ressemble àcelle décrite àBruxelles (« ils cherchent des mouchards, ils n’auront que des mollards  »)... Ce problème va au delàdes indics recrutés àl’intérieur... Comme documenté récemment des infiltré-es d’Etat et d’entreprises** (dont la mission va parfois plus loin qu’un territoire national, ou qu’une lutte ’locale’) ont été découvert-es àtravers l’Europe et c’est probable que certain-es soient encore présent-es dans ces groupes d’individu-es ou luttes.

L’intérêt de placer des personnes à« l’intérieur  » se situant àlong terme, dans le fait de mieux comprendre des tendances/groupes àl’intérieur d’une masse d’individu-es pour pouvoir être àl’occasion capable de faire très rapidement des hypothèses sur la ou les auteur-e-s d’une attaque qui les énerverait particulièrement mais aussi d’élaborer au fur et àmesure, et dans une échelle assez large, une vision plus fine d’un qui-fait-quoi.

Sans céder àla paranoïa, et malgré le fait qu’on puisse àdes périodes se sentir moins directement visées par la répression dans nos pratiques quotidiennes, c’est indispensable pour préserver nos espaces de luttes et nos amitiés de prendre des habitudes qui rendent leur boulot de renseignement moins efficace. Parce qu’on n’est jamais tout àfait sà»res qu’iles ne sont pas présent-es, physiquement ou àl’aide de gadgets (micros, caméras, GPS...) et qu’on ne leur donne pas, malgré nous, d’informations qui leurs rendraient service. Compliquer leur boulot, en rendant publiques leurs tentatives échouées (ou non) de recruter des indics, en ne partageant pas d’information au delàde ce qui est nécessaire, en prenant l’habitude de ne pas discuter n’importe où (lieux surveillés potentiellement, téléphones) ni n’importe comment de ce qui peut attirer leur attention (écrits ou actions....) que cela nous concerne ou pire, en impliquant d’autres personnes, et en étant attentives àce qui peut ce dire autours de nous... Tout en sachant que cela ne dépend pas que de nous, et que ces précautions ne suffiront jamais tout àfait.

Renversons l’existant !

Repris de Indymedia Nantes.

D’autres exemples de recherche d’indic dans la rubrique Ils veulent des balances, ce sera pas nous.