Accueil > Articles > Sur le monde carcéral > Nordin Benallal et Farid Bamouhammad en grève de la faim et de la soif dans (...)

Nordin Benallal et Farid Bamouhammad en grève de la faim et de la soif dans le quartier de haute sécurité de Bruges

vendredi 24 juin 2011

Nordin Benallal a entamé une grève de la faim et de la soif depuis lundi
soir, le 20 juin. Le lendemain, Farid l’a rejoint.
Nordin se trouve depuis mardi dans la cellule de sécurité - le cachot - où
il reste immobilisé et sans ouvrir la bouche. Il n’a plus la force de
parler, depuis ce matin il ne réagit plus du tout et ce même quand le
gardien, le médecin ou l’avocat tentent de lui parler sans succès, il reste
inerte. Sachant que, après trois jours de grève de la soif, des séquelles
irréversibles se produisent au niveau des reins et du système immunitaire.
Dans l’état où il se trouve maintenant, la prison veut lui faire signer un
papier stipulant qu’il refuse les soins médicaux, pour se protéger des suites
judiciaires dans le cas de graves atteintes àsa santé.
C’est le Directorat Général des Prison, représenté par Hans Meurisse, qui
est responsable des suites dues àl’isolement acharné.
Voici un 4-pages distribué àdes milliers d’exemplaires à
Bruxelles.

Depuis ce lundi, 20 juin 2011, Nordin et Farid refusent de manger la bouffe de la prison, ils refusent même de boire. Parmi tant d’autres actes d’insoumission, ils ont aujourd’hui choisi celui-làpour protester contre les conditions de détention qu’ils subissent là-bas.
Nordin y est incarcéré depuis plus de huit mois déjà. Alors qu’ il a déjàécopé une peine de 50 ans, la justice voudrait y rajouter 12 ans alourdis de 10 ans de mise àdisposition du gouvernement pour sa dernière évasion. La justice envoie un message clair, elle veut l’enterrer vivant. Farid a été transféré vers le module d’isolement de Bruges le 15 juin. Il y avait déjàété incarcéré pendant 7 mois peu après l’ouverture de cet infâme bloc. Ce transfert est le soixantième en 10 ans.

Y’EN A MARRE, L’ISOLEMENT ET LA PRISON TUENT

Nordin et Farid font partie de cette vieille génération de gens qui portent en eux leur dignité personnelle avant toute chose. Cela implique le refus de baisser la tête, de se soumettre au bon vouloir des matons, de collaborer avec la police, de vendre son âme pour un peu de shit ou un privilège. Pour leur faire payer ces affronts, la justice leur a déclaré une guerre ouverte : Farid est trimballé de prison en prison, souvent en isolement, et ce, depuis plusieurs années déjà. Nordin est enfermé dans l’isolement le plus strict depuis 4 ans maintenant ; pendant plus de trois ans dans l’ancien camp de concentration de Vught, en Hollande, et depuis lors dans le QHS de Bruges.
Le quartier d’isolement àBruges est un couloir au rez-de-chaussée de la prison qui a été ouvert pour y enfermer des détenus dans le plus grand isolement. Les médicaments y sont distribués en abondance, c’est une vraie lutte de les refuser, les visites se passent derrière des carreaux ou sont refusées, le courrier est censuré et refusé, 20 matons pour 10 prisonniers, sortie préau seul dans une minuscule cage àlion (ce que Nordin refuse d’ailleurs depuis le début), rien n’est admis en cellule, les prisonniers sont totalement coupés du monde. Pour la moindre chose, les prisonniers se font attacher les mains et les pieds, parfois ils sont même attachés àune chaise (pour la douche). Ce régime vise àdétruire physiquement et mentalement ceux qui y sont enfermés, et àfaire peur aux autres. Tout cela est géré par Hans Meurisse – directeur général des prisons – , son cabinet àBruxelles, et son porte-parole Laurent Sempot. Ce QHS doit fermer. Le 2 avril 2009, des prisonniers àBruges avaient déjàinondé les cellules de ce module et l’ont détruit presque entièrement. Il a malheureusement été ré-ouvert quelques semaines après, mais depuis, la rébellion contre ce régime infâme ne cesse pas.

NOUS NOUS BATTONS CONTRE LE SYSTÈME CARCÉRAL EN GÉNÉRAL
NOUS NE VOULONS PLUS DE PRISONS DU TOUT

Nous nous reconnaissons dans leurs actes de révolte contre la justice et contre l’enfermement. Tout comme nous nous reconnaissons dans tout choix de défier ce monde basé sur le capitalisme
et l’exploitation. Pourtant, nombreux sont ceux qui voudraient les présenter comme des brutes, en le taxant de « fou Â » pour l’un, d’« ennemi public numéro 1 Â » pour l’autre. La presse en premier, nous n’attendons donc pas d’elle qu’elle s’indigne. Le temps n’est de toute façon pas àl’indignation, il est àla révolte.
Nous ne voulons pas de ce monde basé sur le modèle carcéral. Ils voudraient que nous devenions tous flics dans nos têtes, pour nous convaincre que cela ne sert àrien de s’affronter àla misère que nous subissons, que nous ferions mieux de mendier pour des miettes de changement. Ils voudraient bien nous apprendre ànous fliquer les uns les autres, àbalancer nos complices. Nous faire croire qu’il vaut mieux se ranger, baisser la tête, travailler comme des esclaves, accepter l’humiliation, vendre notre dignité.

NOUS LEUR DISONS : JAMAIS DE LA VIE.

SOLIDARITÉ AVEC LES RÉVOLTÉS DEDANS ET DEHORS

4-pages

Voir une lettre de Nordin et le tract Une balle qui ressurgit avec pleine force.