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Paris : Il n’y a pas de catastrophes naturelles

Discussion le vendredi 21 septembre, 19h

mardi 18 septembre 2018

On se propose de réfléchir ici àpartir d’une affirmation àla fois étrange et évidente : “il n’y a pas de catastrophe naturelle†. De la gestion des populations àtravers le modèle de la gestion de la catastrophe àvenir, aux théories de la catastrophe qui nous invitent àattendre l’écroulement prévu du capitalisme, en passant par cette manière de s’étonner que cette bonne mère nature n’accompagne pas tranquillement l’urbanisation et le profit, on pourra explorer ce que cette proposition nous permet de comprendre du monde et de sa gestion. Poser ainsi cette question, c’est en fait retrouver les traces de la polémique qui a suivi le tremblement de terre de Lisbonne en 1755. A Voltaire qui s’afflige des vies perdues et en blâme la nature et ses catastrophes qui démontrent que ce monde n’est pas “le meilleur des mondes possibles†, Rousseau oppose alors l’idée que le désastre de Lisbonne tient bien plutôt àla présence d’une ville àcet endroit, et non au fait qu’un séisme y ait eu lieu. Et, en effet, considérer Fukushima comme une “catastrophe naturelle†causée par un tsunami, ou comme une catastrophe nucléaire change beaucoup de chose…

Or, dans la version plus contemporaine de ce monde, comme pour de nombreuses pensées, l’idée de catastrophe naturelle semble plus que jamais présente – qu’elle soit perçue comme permanente, ou comme un argument pour l’intensification de la gestion sécuritaire de nos existences. Mais quelques exemples – comme celui de l’éruption de la Montagne Pelée en Martinique en 1902, ou le naufrage d’un ferry en Corée en 2014 – suffisent àmontrer que la dimension « catastrophique  » de ces événements tient aux décisions politiques et économiques de l’humanité plutôt qu’aux événements dits naturels : ainsi, la « catastrophe  » de la Montagne Pelée n’aurait pas eu lieu si le gouverneur n’avait pas préféré àl’évacuation des populations se préoccuper de maintenir les élections législatives qu’il était en mesure de gagner ; ou encore, le naufrage du ferry en Corée n’aurait pas eu lieu si sa cargaison n’avait pas excédé ses capacités. Pourquoi, alors, persister àappeler ces événements des « catastrophes naturelles  » ? Car en fin de compte, cela revient àrendre « naturelles  » des tragédies pourtant causées par des décisions politiques, tout autant que cela « catastrophise  » des phénomènes environnementaux.

Nous proposons donc de partir de l’idée qu’il « n’y a pas de catastrophes naturelles  » — comme l’affirmait une affiche collée sur les murs de Florence et Paris en 2011 après la catastrophe (nucléaire !) de Fukushima – pour réfléchir àla catastrophisation de la « nature  », autant qu’àla naturalisation des « catastrophes  ». Nous proposons donc d’envisager de façon critique l’usage que ce monde fait des notions de « nature  » et de « catastrophe  », notamment àtravers une gestion tour àtour catastrophiste ou excessivement rassurante de ce type d’évènements.

Vendredi 21 septembre à19h aux Fleurs Arctiques
45 Rue du Pré Saint-Gervais, 75019 Paris
Métro Place des Fêtes (lignes 7bis et 11 du métro

catastrophes-naturelles-LFA-a3.pdf

Voir le reste du programme d’automne des Fleurs Arctiques.