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Pérou : rebelles unis, organisés, sans partis

dimanche 1er septembre 2013

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Ce tract a été distribué le 27 juillet 2013 àLima, Pérou, durant la mobilisation qui s’est terminée par des barricades, répression, affrontements, boycott [?] , dans le centre historique de Lima. Il est évident que les participants étaient les esclaves modernes cherchant àexpulser leur rage, colère et non-conformité contre les forces répressives de l’État.

Toi qui lis ce tract, je sais que tu seras d’accord avec nous, lorsque nous affirmons que chaque politique qui rentre au pouvoir étatique n’est qu’une marionnette de plus du système économique. Nous entendons souvent dire par des parents ou des amis que ce sont tous des voleurs, des corrompus, qu’ils nous mentent et nous trahissent en permanence. Ces affirmations, ou petits instants de lucidité, nous permettent de nous rendre compte, de regarder par dessus les écrans de télévision, de nous enlever le bandeau des yeux, et de voir que ceux au pouvoir (peu importe le poste occupé, la couleur du drapeau ou les idées) défendront toujours les intérêts des groupes de pouvoir qui mènent àleur guise cette partie du monde, appelée Pérou. Que le parti au pouvoir soit de gauche ou de droite, sa seule fonction est de protéger les intérêts des monopoles et entreprises qui vivent ànos dépens, améliorer la circulation de marchandises, baisser le prix de la main d’œuvre, faire des lois pour leur libre-échange, etc. Si on s’en prend àeux la répression sous toutes ses formes est ce qui nous attend. Mais est-ce que c’est la seule manière que nous avons de défendre ce qui nous semble juste ? Est-ce qu’on ne peut s’organiser qu’àtravers des partis ?

Les partis politiques, au-delàdes intentions parfois saines et dévouées de beaucoup de leurs militants, deviennent des machines bureaucratiques qui ne sont intéressées que par leur propre pouvoir, et cela amène inévitablement àmettre les intérêts de groupe au dessus des intérêts de l’ensemble des dépossédés, exploités, indignés, marginaux ou comme on veut les appeler.

Beaucoup de travailleurs et d’étudiants qui ont des aspirations progressistes regardent de l’extérieur les partis de gauche, ceux qui se disent favorables àl’émancipation de la classe des travailleurs et àun monde sans exploitation, et ils se demandent « pourquoi ils ne s’unissent pas s’ils sont pour la même chose ? Pourquoi ils se disputent pour des points et des virgules ? L’ennemi est puissant et organisé, ainsi avec une gauche unie et forte nous pourrions mieux l’affronter  ».

Mais la vérité c’est que les directions et les buts de ces partis (parce que les partis fonctionnent comme les entreprises et gouvernements, avec des gens en haut et d’autres en bas, avec des gens qui pensent et commandent et d’autres qui exécutent et obéissent) ne vont pas dans le même sens. C’est pour ça qu’ils se disputent. Leurs motivations ne sont pas dans les idéaux qu’ils professent ni dans les programmes qu’ils écrivent. Ils sont concurrents pour le pouvoir de la « masse populaire  » (comme ils nous appellent). Ils donnent la priorité aux disputes entre eux avant toute chose.

Les travailleurs, étudiants, paysans, femmes au foyer, les exploités et opprimés en général, nous n’avons pas besoin de ces structures pour nous unir. Ce sont des structures trop conditionnées par ce monde mercantiliste et autoritaire, elles ne servent pas ànous émanciper. Comment vas-tu obtenir ta liberté si tu te soumets àun dirigeant ? En plus de cela cette société nous attribue des patrons, gérants, surveillants, professeurs, et autres hiérarchies… on va chercher des chefs supplémentaires ?

Les exploités ne sont pas faibles parce qu’ils sont divisés, ils sont divisés parce qu’ils sont faibles, et sont faibles parce qu’ils continuent d’accepter d’être représentés, que ce soit par des politiques bourgeois ou des politiques de leur propre classe sociale. Nous sommes représentés par nos parents quand nous sommes gamins, par des avocats devant le tribunal. Nous sommes représentés par d’autres dans des situations où nous ne pouvons pas nous présenter nous-mêmes, où nous avons besoin qu’un autre nous présente ànouveau (re-présenter).

Si nous voulons nous libérer est-ce que la représentation nous sert àquelque chose ? Est-ce que les structures qui divisent les gens entre représentants et représentés, dirigeants et dirigés, nous servent ? Non, elles ne nous servent àrien. Donc, ne cédons pas au chant des sirènes de la gauche et ses fausses promesses de liberté et ne nous inquiétons pas de son manque d’unité. Faisons les choses entre nous. Sans sigles ni dirigeants.

Nous ne luttons pas pour humaniser le capitalisme, mais pour en finir avec lui.

Nous ne sommes pas seulement contre l’Organisation Mondiale du Commerce et le FMI, nous sommes contre n’importe quelle expression du capitalisme.
Nous ne sommes pas seulement contre la mondialisation, nous sommes contre tout ce qui caractérise ce système décadent.
Nous ne sommes pas seulement contre le travail précaire, nous sommes contre le travail salarié.
Nous ne sommes pas seulement contre la dictature, nous sommes contre la démocratie.
Nous ne sommes pas seulement contre la loi sur l’immigration, nous sommes contre les patries et les frontières.
Nous ne luttons pas seulement pour que tous les enfants puissent aller àl’école, nous luttons pour que l’école et tout le système éducatif ne soient plus la domestication nécessaire préalable àl’entrée dans le monde du travail.
Nous ne luttons pas pour la répartition de la richesse et l’équilibre dans le premier et tiers-monde, nous luttons pour une société sans argent.
Nous ne voulons pas entendre parler : de la gauche, du moindre mal, de la paix sociale, des aides de l’État, des élections, nous ne voulons plus des administrations de mort.

LA LUTTE C’EST ICI ET MAINTENANT !

Nous n’avons pas de dates spéciales pour sortir dans la rue, nous n’avons rien àattendre ni rien àperdre. Nous ne pouvons nous fier qu’ànous, la transformation sociale ne pourra pas venir d’en haut, de ceux qui ont le pouvoir entre leurs mains, le pouvoir de nous imposer un monde qui ne nous appartient pas, mais qui s’alimente de nos vies.

Écris-nous pour échanger des informations, agir ensemble, pas pour gagner plus de sympathisants ou de votes, mais pour organiser notre libération. Comme organisation, nous n’avons rien àvendre ànos frères de classe, rien pour les séduire. Nous ne sommes pas un groupuscule en compétition par le prestige et l’influence avec les autre groupuscules et partis qui disent représenter “le peuple†, “les travailleurs†, “le prolétariat†et qui prétendent les gouverner et les diriger. Nous sommes des prolétaires qui luttent pour s’auto-émanciper avec les moyens ànotre disposition et rien de plus.

Courriel : ataquecreaxionista[a]gmail.com

[Traduit de l’espagnol par Contrainfo.]