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Susa (Italie) : procès du blocage d’un train de déchets nucléaires

Marre d’êtres victimes, fiers d’êtres coupables

lundi 20 février 2012

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Le 15 février débutera àSusa le procès où nous sommes poursuivis pour divers délits en rapport aux événements du 7 février 2011

Cette nuit-là, quelques semaines avant le désastre nucléaire de Fukushima, une quarantaine de personnes se retrouvèrent àCondove, dans le Val di Susa, réussissant àretarder quelques heures les trains chargés de déchets nucléaires àdestination de La Hague en France. Des déchets qui vont d’un pays àl’autre pour revenir souvent, comme pour les dépôts de Saluggia et de Trino, àleur point de départ, après avoir subi des traitements qui, même s’ils limitent la radioactivité, fournissent surtout du matériel radioactif pour un usage militaire ou de nouveaux combustibles pour les centrales de l’autre côté des Alpes (sans parler des confortables compensations pour les entreprises concernées).

Sans aucun doute, il faut reconnaître que les événements de cette nuit-làont porté àl’attention générale les dangers immanents auxquels sont exposées les populations vivant aux alentours des centrales nucléaires, ou qui vivent le long des trajets accomplis par ces trains de la mort dans le silence le plus absolu. C’est pour cela que nous refusons toute accusation spécifique ànotre encontre, la logique perfide et d’intimidation qui tend àséparer les bons des mauvais, ceux qui sont plus ou moins responsables de ce qui a eu lieu cette nuit-là. La lutte contre le monstre nucléaire tout comme celle contre le train àgrande vitesse, ou bien celles contre l’autoritarisme et les inégalités sociales, sont des batailles que nous menons la tête haute en nous opposant fermement àla tentative de criminaliser toute mobilisation.

Nous accordons une grande importance au fait que la discussion sur le nucléaire et ses déchets sont redevenus un centre d’intérêt, même si c’est àla suite d’une profonde tragédie comme celle qui a frappée le Japon. Nous ne pouvons que nous réjouir du fait qu’après la mobilisation contre le passage des déchets àCondove, il y en a eu une autre àAvigliana, beaucoup plus nombreuse, et que les trains de la mort ne passent plus, au moins pour le moment, dans le Val de Susa ; semble-t-il, depuis ce moment, les transports de déchets ont été suspendus, au moins dans la région du Piémont. Convaincus de la légitimité absolue de nos actions, nous ne nous laisserons pas intimider par la répression policière et nous transformerons les dates du procès qui nous est fait en occasions de relancer nos accusations contre les nucléocrates et contre ceux qui tirent profit de l’industrie nucléaire civile ou militaire.

Dans ce jeu absurde avec l’atome, les victimes et les bourreaux, àla fin, payeront le même prix. On ne nous convaincra pas du contraire, et leurs lois ne pourront jamais démonter les raisons de ceux qui veulent empêcher les messieurs du nucléaire et de la guerre de jouer avec la planète. Quelques-uns d’entre nous ont été traités de terroristes par les journaux asservis et lèche-bottes du régime. Alors, si nous sommes des terroristes, ceux qui, en construisant les centrales nucléaires, ont placé une épée de Damoclès au-dessus de la tête des populations sont des bienfaiteurs ; ceux qui lancent sur des populations désarmées des bombes àl’uranium appauvri sont des gens biens respectueux des lois et de l’autorité. Pas comme nous, anarchistes violents et qui plus est insurrectionnalistes.

Aucun tribunal ne pourra nous juger. Cette tâche appartient aux générations futures.

Arturo, Guido, Luca, Toshi

15 février 2012 à9h au tribunal de Susa,via Palazzo di Città, rassemblement solidaire avec les inculpés.

Traduit de l’italien de informa-azione, Lun, 13/02/2012 - 09:58 par les Brèves du désordre.